DOSSIER FORMATION /
Faire reconnaître ses compétences
TEXTE Julie Macq / PHOTO Shutterstock / 11 SEPTEMBRE 2024 / TEMPS DE LECTURE: 3 MINUTES
Vous avez peut-être acquis, tout au long de votre carrière ou de votre vie, des compétences équivalentes à une formation mais que vous n’avez jamais pu valider. En Belgique francophone, il existe différents dispositifs pour faire reconnaitre ses compétences professionnelles et ses acquis de l’expérience: la validation des compétences et la valorisation des acquis de l’expérience (en haute école, à l’université ou dans l’enseignement de promotion sociale).
En 2003, un accord de coopération actait la création du Consortium de validation des compétences.
Celui-ci était créé entre autres pour «garantir l’inclusion de tous dans la société de la connaissance, partant du principe que certaines personnes peuvent se prévaloir de compétences acquises par l’expérience de travail, l’enseignement, la formation professionnelle ou par l’expérience de vie, mais ne possèdent pas de certifications de l’enseignement ou de certifications professionnelles qui en officialisent la reconnaissance (accord de coopération de 2003, révisé en 2019).»
Le Consortium de validation des compétences, qu’est-ce que c’est ?
Le Consortium de validation des compétences est un organisme qui permet à toute personne de plus de 18 ans de certifier ses compétences professionnelles, acquises de manière formelle ou informelle, via la pratique professionnelle, la vie de tous les jours, lors de formations… Ces épreuves de validation de compétences sont organisées par des centres de validation de compétences que le Consortium de validation des compétences agrée (CVDC). Un jury composé notamment de professionnels du secteur, juge de la maîtrise d’acquis d’apprentissage du candidat et délivre un titre de compétence en cas de réussite. Ce titre de compétence est une certification professionnelle commune à la Région Wallonne, à la Fédération Wallonie-Bruxelles et à la Cocof. Ce titre est valorisable dans le monde du travail et permet également des passerelles vers des formations.
La validation des compétences est une compétence communautaire. Le dispositif est donc différent du côté néerlandophone. Le CVDC gère et organise la validation des compétences au travers d’un comité directeur et, au quotidien, d’une cellule exécutive. Les interlocuteurs sociaux, les secteurs et les services publics d’emploi contribuent à définir les orientations stratégiques du dispositif, les métiers qui y sont développés et les référentiels de validation.
Comment faire valider ses compétences?
La validation des compétences se déroule en plusieurs étapes: information et orientation, guidance et inscription, épreuve de validation.
• Information et orientation
Un conseiller informe le candidat sur ce qu’est la validation des compétences et l’oriente en tenant compte de différents éléments: il analyse si l’expérience du candidat est réelle, récente et si elle correspond à un ou plusieurs titres de compétences. Le conseiller oriente le candidat vers un centre de validation.
• Guidance et inscription
Un spécialiste du métier, dans un centre de validation agréé, effectue une guidance individuelle, qui consiste en un conseil au candidat qui peut ainsi évaluer la pertinence de sa démarche et ses chances de réussite. L’inscription à l’épreuve se fait au terme de la phase de guidance. Le travailleur a droit à 8h de congé-éducation payé le jour de l’épreuve.
• Épreuve de validation
Le candidat passe une épreuve de validation dans un centre de validation ou au sein même de son entreprise. Plusieurs candidats peuvent passer une épreuve en même temps. Un évaluateur remplit une grille d’évaluation et un observateur vérifie le bon déroulement de l’épreuve. Après l’épreuve, un jury composé de ces professionnels du métier délibère.
En cas de réussite, le candidat reçoit son titre de compétence nominatif par courrier, la plupart du temps dans les 30 jours après l’épreuve (et au plus tard deux mois après). En cas d’échec, le candidat reçoit un feed-back et des pistes d’action sont proposées: remédiation, réorientation, compréhension des lacunes. Après deux échecs, le candidat doit à nouveau suivre une guidance. .
Amina El Massaoudi
aide cuisinière en collectivité
«J’aime beaucoup la cuisine, c’est mon truc. Je n’ai jamais été à l’école. En 2011, je suis rentrée à la crèche Espaces Enfance 2 avec un contrat article 60 d’un an. À la fin de mon contrat, le cuisinier partait à la retraite. On m’a proposé son poste. Je n’avais pas de diplôme mais je connaissais les règles d’hygiène au niveau de l’Afsca. (…) On m’a proposé ce contrat et j’ai accepté. La validation des compétences m’intéressait beaucoup pour avoir quelque chose d’officiel. Je savais faire la cuisine, mais comme je n’ai jamais été à l’école, je n’avais pas de diplôme qui reconnait ce que je fais. Je suis très contente d’avoir passé cette validation des compétences. L’épreuve, c’était une très chouette expérience. J’étais très stressée avant car personne n’avait jamais jugé mon travail. Les personnes qui nous ont fait passer les épreuves étaient chouettes, c’était relax. Je le recommande aux gens qui n’ont pas de diplôme. Je fais ce travail depuis plusieurs années mais je n’avais pas de diplôme. Maintenant, je me dis que je le mérite car j’ai réussi ma validation. Ce n’est pas parce qu’ on n’a pas été à l’école qu’on ne peut pas apprendre. Quand j’ai passé la validation des compétences, j’avais 35 ans. Je suis contente de mon parcours et des personnes qui m’ont employée car ils m’ont fait confiance et ils m’ont aidé à m’inscrire à la validation des compétences.»
Retrouvez le témoignage d’Amina en vidéo: www.youtube.com/watch?v=wYoigcodnR4
Plus d’infos sur: www.validationdescompetences.be/
