EN DÉBAT /
Good move: faut-il vraiment être pour ou contre?
TEXTE & PHOTOS Donatienne Coppieters / 9 octobre 2024 /temps de lecture: 4 minutes
En cette période électorale, le plan Good move bruxellois est dans toutes les bouches, dans tous les débats, dans tous les médias. Chacun a son avis dessus. On peut même dire qu’il attise les tensions, voire déchaine les passions. Le 23 septembre dernier, le réseau bruxellois intersyndical de sensibilisation à l’environnement (Brise) a organisé un séminaire sur la mobilité à Bruxelles et les plans de déplacement d’entreprise. La première partie était consacrée à la présentation du plan Good move. Une fois de plus, certaines réactions ont été vives.
Comment traiter de la mobilité et de la qualité de vie à Bruxelles en sortant de la réaction émotionnelle? Peut-être en objectivant les choses et en rappelant avant tout ce qu’est le plan Good move et ses objectifs.
Noémi Halen
Bruxelles Mobilité
Bruxelles Mobilité
«Good move, un plan concerté dans la transparence»
Noémi Halen travaille au service planification de Bruxelles mobilité où 70 personnes concrétisent la stratégie politique en matière de mobilité.
Bruxelles Mobilité est une autorité organisatrice de mobilité chargée de mettre en œuvre la législation, européenne et fédérale, qui s’applique aux Régions, aux communes… Good move est le plan régional de mobilité qui chapeaute tout ce que la Région bruxelloise fait en matière de mobilité. Il est entré en vigueur en 2021 et a succédé aux plans Iris 2 et Iris 1. C’est une toile de fond avec des objectifs, un peu comme un accord de gouvernement. On le coconstruit en concertation depuis 2016. Nous avons organisé des ateliers, des forums, des séminaires pendant plusieurs années en rencontrant les commerçants, des fédérations professionnelles, les taxis, des comités de quartiers, des associations de défense des piétons et des cyclistes, des citoyens… Nous avons mis en place un processus nouveau, de concertation dans la transparence qui a d’ailleurs été primé deux fois. Mais il n’est pas parfait et il est difficile de satisfaire tout le monde.
Nous sommes partis d’une vision: que veut-on pour la ville dans son ensemble? Comment apaiser les quartiers et rendre la mobilité plus fluide? Avec l’idée qu’on peut faire mieux pour tout le monde et pas pour chaque personne en particulier.
Il y a un objectif de report modal, de changement dans le choix du mode de transport. Mais aussi un objectif de sécurité routière avec moins de voitures qui roulent moins vite et plus de déplacements à pied, à vélo et autres et en transports en commun.
Nous avons aussi travaillé sur la mise en accessibilité des espaces publics avec la vision que tout le monde est à mobilité réduite à un moment de sa vie et que la voirie doit être accessible au plus faible. Si une personne en chaise roulante peut circuler facilement sur un trottoir, les personnes avec des poussettes, les personnes âgées, les enfants… circuleront aussi facilement.
L’idée est d’amener les gens à prendre leur voiture parce qu’ils n’ont pas d’autre option. Mais il faut évidemment continuer à développer les alternatives et les faire connaître.
Il y a deux critiques structurelles qu’on travaille à résorber: la dimension sociale et les impacts économiques. Le parti pris du gouvernement est d’informer et d’accompagner en montrant les bons côtés du plan et l’impact sur la qualité de l’air qui s’est améliorée.»
Lieselotte Gevens Data et Tim Cassiers du Bral
«Nous rêvons d’une autre ville»
Le Bral est le pendant flamand d’Inter Environnement Bruxelles. C’est un mouvement urbain qui fédère environ 200 habitants, associations et comités de quartier et qui se bat depuis 50 ans pour une Bruxelles durable, une ville respectueuse de l’environnement, financièrement accessible et solidaire.
Pour nous, la bonne question est ‘Quelle ville veut-on?’plutôt que ‘Quelle mobilité pour Bruxelles?’. Nous travaillons pour la ville et pas pour la mobilité. Jusqu’à présent, on a pensé nos villes largement en faveur de la voiture. Mais la place est limitée. On doit reréfléchir à comment on fait les villes, comment y intégrer les enfants qui ont besoin d’espaces pour jouer, les nouveaux modes de transport (vélos, cargos, trottinettes…), les besoins de commerces, de loisirs… Comment les faire cohabiter dans des espaces limités qui doivent dès lors être partagés?
Ce qui nous préoccupe est avant tout la qualité de l’air. Nous travaillons avec des maisons de quartier et des maisons médicales pour la mesurer dans différents endroits.
Si elle s’est améliorée par rapport aux années 60, elle reste la problématique la plus importante au niveau de la santé: entre 15 et 20% de la population souffre de problèmes respiratoires.
On est aujourd’hui à un niveau relativement acceptable pour les personnes adultes en bonne santé, mais pas pour les enfants, les personnes quoi ont de l’asthme, les personnes âgées, les femmes enceinte… Notre vision est de se battre pour les personnes les plus vulnérables. L’optique du Bral est que tous les gens ont le droit à une bonne santé et de respirer un air de qualité, aussi en ville.
Notre vision est d’imaginer la ville pour qu’elle soit agréable pour tout le monde. On ne veut pas vivre avec la fatalité que la ville est polluée. La qualité de l’air s’améliore plus dans les villes qui ont mis en place des zones de basse émission. Dans notre vision, la santé mentale est aussi importante que la santé physique. Et les espaces de jeux, de balade, les espaces verts en ville font aussi partie de la santé mentale.
Pour améliorer la qualité de l’air, il faut absolument réduire le trafic routier. Avec le plan Good move, la qualité de l’air s’est améliorée à Bruxelles mais ne correspond toujours pas aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il faut continuer à développer les alternatives à la voiture et que chaque personne, qu’elle y vive ou y travaille, se sente responsable de l’amélioration de la qualité de l’air à Bruxelles.»