NOIR SUR BLANC /
La pension complémentaire coûte de l’argent à cause d’une erreur de calcul
TEXTE Nils De Neubourg | PHOTO Clayton Robbins | TEMPS DE LECTURE: 1,7 MINUTES | 15 FÉVRIER 2023
Recourir à d’autres formes de pension pour compléter la pension légale doit contribuer à financer nos vieux jours. Mais cette pension complémentaire pourrait bien coûter de l’argent aux travailleurs au lieu de leur en rapporter. La CSC et le service des pensions ont cherché à résoudre ce problème, mais la volonté politique fait défaut.
Une pension complémentaire permet de disposer d’un montant en plus de la pension légale. Ces deux «piliers de pension» sont pris en compte pour calculer les cotisations à l’assurance maladie-invalidité (cotisations AMI) sur votre revenu de pension. Les pouvoirs publics appliquent à cet effet un «truc» comptable. Or, selon la CSC, ce «truc» comporte une erreur. Et cette erreur coûte de l’argent à beaucoup de citoyens. Au bout du compte, la différence sur la pension complémentaire peut même représenter plusieurs milliers d’euros.
Problème de conversion
Contrairement à une pension légale, la pension complémentaire est versée en une seule fois à l’âge de la pension ou sous forme de tranches annuelles. Mais les cotisations AMI sont calculées sur le revenu mensuel. Il faut donc convertir le montant de la pension complémentaire en un revenu mensuel. Et c’est justement cette conversion qui pose problème, selon la CSC.
Nathalie Diesbecq, juriste à la CSC, explique le problème: «Ce mode de calcul a été fixé il y a plusieurs dizaines d’années. Entretemps, l’espérance de vie a nettement progressé. Nous devons donc vivre beaucoup plus longtemps avec le même montant. Pourtant, le service des pensions continue de baser ses calculs sur l’espérance de vie des années 1980, de sorte qu’il surestime en fait les revenus mensuels».
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Le service des pensions surestime l’impact mensuel de la pension complémentaire.
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Espérance de vie plus longue
D’après l’espérance de vie actuelle, les Belges vivent encore en moyenne pendant près de 22,5 années après l’âge de la retraite. Dans ses calculs, le service des pensions considère pourtant qu’un individu ne vit que 12,4 années après l’âge de la retraite. Conséquence: l’estimation de ce que signifie chaque mois la pension complémentaire est surfaite. Parce qu’ils paient des cotisations AMI trop élevées, bon nombre de pensionnés touchent une pension nette trop basse. La pension complémentaire d’un individu âgé de 82 ans peut ainsi lui coûter plusieurs milliers d’euros, alors qu’elle devrait lui rapporter quelque chose. «C’est pénible à voir, commente Nathalie Diesbecq. Les pouvoirs publics sont tous au courant du problème. Avec le service des pensions, nous avons mis au point une adaptation du calcul qui serait facile à mettre en œuvre. Il ne manque qu’une seule chose: la volonté politique de changer la donne».