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EN DÉBAT /

Limiter le chômage dans le temps crée-t-il de l’emploi?

TEXTES Khadija Khourcha & Onem / 15 mai 2024 / temps de lecture : 4 minutes

La dégressivité des allocations de chômage, déjà effective en Belgique, concerne la réduction progressive du montant des allocations de chômage au fil du temps.

La limitation des allocations de chômage dans le temps, que les partis de droite appellent de leurs vœux, fait référence à une politique qui fixe une durée maximale pendant laquelle une personne peut percevoir des allocations de chômage. Une fois cette limite atteinte, les allocations cessent, même si la personne est toujours au chômage.

Ces deux mesures visent à inciter les personnes au chômage à retrouver un emploi rapidement en limitant la durée pendant laquelle ils peuvent compter sur les prestations de chômage. Mais jusqu’à présent, rien ne prouve l’efficacité de ces mesures.

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Khadija Khourcha,
responsable des Travailleurs sans emploi de la CSC

«Limiter le chômage ne crée pas d’emploi!»

Pour les travailleurs sans emploi de la CSC (TSE), seules la réduction collective du temps de travail et la création de vrais emplois peuvent jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le chômage.


À chaque crise, à chaque augmentation du nombre de personnes privées d’emploi, les mesures de sanctions et d’exclusion du chômage sont renforcées. Pourtant, le bon sens préconiserait l’inverse.

Khadija: «La limitation dans le temps ne mène pas automatiquement à l’emploi s’il n’existe pas. L’idée qu’il suffirait de se diriger vers les emplois qui connaissent des difficultés de recrutement ne tient pas compte de la complexité de la réalité. En effet, les difficultés de recrutement ou de maintien de personnel à l’emploi relèvent de mauvaises conditions de travail, de salaires trop bas, de techniques de management qui rendent malades… Et même avec une formation, tout le monde ne peut pas devenir chauffeur de bus.

Enfin, exclure les gens de la sécurité sociale l’affaiblit, impactant tous et toutes, avec et sans emploi.

Une mesure injuste et inefficace

Il n’y a que la réduction collective du temps de travail et la création de vrais emplois qui peuvent jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le chômage. Une étude récente de l’Onem, à l’instar d’autres études, a démontré que les sanctions et les exclusions du chômage ne mènent ni à l’emploi, ni vers plus de qualifications.

L’exclusion des allocations de chômage pour celles et ceux qui ont rempli toutes leurs obligations - les autres ont déjà été exclus par l’activation - n’aidera pas à trouver du travail plus rapidement. Au contraire, en perdant le statut de chômeur, la personne exclue des allocations perd un revenu, du lien social, des possibilités de formation et est de facto encore plus éloignée de l’emploi.

Exigences

Les TSE de la CSC exigent l’application de la Constitution et de ce droit fondamental qu’est le droit à l’emploi, la mise en œuvre des politiques de création d’emplois convenables accessibles aux sans-emploi, des allocations de chômage au-dessus du seuil de pauvreté, la suppression de la dégressivité, la réduction collective du temps de travail, la création d’emplois de proximité, la création de parcours d’insertion efficaces et adaptés aux chômeurs et chômeuses éloignées de l’emploi, la réorientation des aides à l’emploi…

Last but not least, les employeurs doivent assumer leurs responsabilités, en donnant de réelles chances d’embauche et doivent cesser de se plaindre de ne pas trouver de travailleurs en cherchant le mouton à cinq pattes.»



10 ans de dégressivité des allocations de chômage: pas concluant en termes d’emplois et d’économies

Le 1er novembre 2012, la dégressivité renforcée des allocations de chômage est entrée en vigueur. Il s’agissait de la plus grande réforme de ce régime depuis les années 1980. Dix ans après sa mise en œuvre, l’Onem a procédé à une évaluation de l’impact sur les transitions vers l’emploi et sur les dépenses sociales au cours de la période 2010-2020. Voici ses conclusions.


La conception des allocations de chômage consiste en un exercice d’équilibre entre deux objectifs, à savoir la protection des chômeurs contre les conséquences de la perte de revenus et le maintien d’un incitant visant à les faire revenir sur le marché du travail. La mise en place de la dégressivité renforcée des allocations de chômage a permis de relever le montant des allocations au cours de la première période de chômage pour amortir davantage le choc initial de la perte de revenus. Toutefois, en vue de maintenir un incitant à la remise au travail, le montant de l’allocation diminue progressivement à partir de la deuxième période pour obtenir une distinction plus marquée entre les revenus du travail et le chômage.

En théorie, l’objectif de la dégressivité est d’inciter les chômeurs à intensifier leurs efforts de recherche d’emploi, face à la baisse (future) de leurs revenus. Le système dégressif actuel perd toutefois de son efficacité car, pour de nombreux chômeurs, il existe un écart important entre le profil dégressif théorique et l’évolution réelle du montant de leurs allocations. Cela s’explique en partie par le fait que certaines catégories de chômeurs ne sont pas soumises à la dégressivité des allocations (par exemple, les chômeurs bénéficiant d’allocations minimales). À cela s’ajoutent les indexations régulières et la liaison des allocations au bien-être qui augmentent le montant des allocations. Ces dernières années, l’écart entre la théorie et la pratique s’est d’ailleurs encore creusé.

L’étude n’a pas permis de déceler une évolution à la hausse des sorties du chômage vers l’emploi. Les chiffres de sorties vers l’emploi sont étroitement liés à la situation économique et au marché du travail. Pendant la crise du coronavirus, nos experts ont même constaté que, bien qu’un gel de la dégressivité soit en vigueur, les transitions vers le travail augmentaient rapidement dans le sillage de la conjoncture économique.

L’allocation moyenne de chômage reste constamment en-dessous du seuil de pauvreté. Toute réforme des allocations est donc délicate pour le maintien de la fonction de protection des allocations de chômage. Les liaisons au bien-être se sont avérées un facteur important pour empêcher que l’écart entre le seuil de pauvreté et le montant des allocations ne se creuse. Cependant, ce mécanisme érode le système de dégressivité. Il semble donc difficile de conserver l’équilibre entre la fonction de protection des allocations et le mécanisme d’activation de la recherche d’emploi visé par la dégressivité.» 

Source: www.onem.be/espace-presse/dix-ans-de-degressivite-renforcee-des-allocations-de-chomage


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