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EN ACTION /

Travailleuses indépendantes: enlever le premier

TEXTE David Morelli | PHOTO Unsplash | TEMPS DE LECTURE: 1,7 MINUTES | 15 MARS 2023

Les travailleuses sont encore plus précarisées et pénalisées lorsqu’elles prestent sous statut d’indépendante ou, pire encore, dans le régime de l’économie collaborative.

Les travailleuses sous statut d’indépendante sont affiliées à une sécurité sociale (celle des indépendants), mais malgré les améliorations importantes de ces dernières décennies, leurs droits ne sont pas encore au niveau des autres travailleuses. Quand une travailleuse sous contrat de travail a droit à un repos de maternité de 15 semaines, la travailleuse indépendante a droit à maximum 12 semaines. Et trop souvent elle ne prend pas ces 12 semaines car, alors que la travailleuse salariée doit retrouver son poste «en l’état» à l’issue de son repos de maternité et ne peut pas être licenciée du fait de sa maternité, la travailleuse indépendante ne bénéficie pas de ces droits essentiels: elle doit reconquérir son travail, sa clientèle, sa mission, à la fin du repos de maternité. D’où l’obligation pour la plupart d’entre elles de surtout ne pas s’éloigner trop longtemps de leur milieu de travail, de peur de le perdre.

Pour la travailleuse indépendante, aucun droit à une indemnisation en cas de réduction du temps de travail pour faire face aux obligations familiales.

S’il y a des outils pour plus d’égalité salariale F/H pour les travailleuses salariées (des barèmes, une information obligatoire sur le différentiel salarial…), rien de tout cela n’existe pour défendre l’égalité salariale de la travailleuse indépendante.

Pire encore, il y a de gros trous dans la couverture sociale lorsqu’on combine une activité salariée avec une activité indépendante à titre complémentaire, ce qui est le cas de nombreuses femmes qui ont un contrat à temps partiel. Ainsi, l’indépendante à titre complémentaire devra payer des cotisations sociales sur son activité complémentaire, mais n’en tire souvent aucun complément de droit social, de sorte que ses droits sociaux (pension, allocations de remplacement…) seront toujours calculés sur son seul temps partiel en tant que salariée!

La sécurité sociale et le droit du travail sont des outils - encore imparfaits certes - pour diminuer la précarité, qui est de manière disproportionnée le lot de femmes. Les travailleuses indépendantes ne bénéficient pas, ou seulement partiellement, de ces outils, et dès lors sont encore plus souvent victimes de la précarité.

L’autonomie dans le travail devrait être une libération, et pas un prétexte pour plus de précarité encore!

/United Freelancers: pour défendre vos droits

La CSC United Freelancers est la division de la CSC qui vise, depuis 2019, à organiser et défendre les travailleurs sans contrat de travail, notamment les indépendant.e.s sans personnel (freelancers) et les travailleurs et travailleuses de plateforme (indépendants ou P2P).