L'ACTU /
Un travailleur sur deux exposé à un risque de cancer
TEXTE Kris Van Eyck | PHOTO Shutterstock | 17 JANVIER 2024 | TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES
Au sein de l’Union européenne, on estime à 100.000 par an le nombre de décès imputables à des cancers professionnels (1). Mais quelles en sont les causes? Une étude européenne lève le voile.
On ne dispose guère d’informations sur les causes de ces cancers et l’exposition des travailleurs aux risques de cancers. Toutefois, la situation évolue. Une étude a été menée auprès de 25.000 travailleurs issus de six pays. Ils ont été interrogés sur leurs activités professionnelles quotidiennes et les résultats ont été comparés aux risques de cancers connus pour ces activités (2). Les résultats sont choquants. Un travailleur sur deux subit quotidiennement une exposition à au moins un risque de cancer et un travailleur sur quatre subit quotidiennement une exposition à au moins deux risques de cancer. Cette étude est représentative pour les 98 millions de travailleurs de ces six pays. Cela signifie que près de 50 millions de ces travailleurs sont exposés à un risque de cancer.
Les huit principaux types d’exposition semblent familiers: les rayons UV du soleil, les gaz d’échappement de véhicules diesel, le benzène, la silice cristalline (se libère lors du taillage de la pierre, du béton, etc.), le formaldéhyde (se libère par exemple à partir de matériaux en feuilles), le chrome 6 (se libère par exemple lors de la soudure d’inox et la fabrication d’inox), le plomb et la poussière de bois.
Cancers peu reconnus
Les cancers professionnels sont fréquents, y compris en Belgique, mais ils sont rarement reconnus, et encore moins souvent admis officiellement comme maladies professionnelles. L’Agence fédérale pour les risques professionnels, Fedris, n’a reconnu en 2022 que 155 cancers professionnels, soit 141 liés à une exposition à l’amiante et 14 liés à une exposition à la poussière de bois. Il n’existe pas de chiffres concernant le nombre réel de cancers professionnels. Sur son site, la Fondation contre le cancer avance une estimation prudente de quelque 2.000 cancers professionnels (4% de tous les cancers en Belgique) (3). Une chose est certaine: il n’existe pas de chiffres exacts. Le lien avec l’exposition professionnelle est rarement fait lors du diagnostic. L’absence de chiffres complets et fiables caractérise également l’exposition au risque de cancer sur le lieu de travail. Les résultats de l’étude européenne soulignent l’urgence d’entamer une étude sur la prévention des cancers professionnels et leurs causes en Belgique.
Le principe S.T.O.P.
La prévention de l’exposition doit être renforcée dans l’entreprise. Le principe légal S.T.O.P doit être appliqué avec rigueur. Il s’agit de Substituer le produit cancérogène à un produit moins dangereux quand c’est techniquement possible. De prendre les mesures Techniques nécessaires afin de réduire l’exposition, d’Organiser le travail afin que moins de travailleurs soient exposés, et de réduire la durée de l’exposition. Enfin, lorsque ces mesures s’avèrent insuffisantes pour protéger les travailleurs, il faut veiller à les Protéger par des moyens de protection individuels.
(2) EU-OSHA: Facteurs de risques de cancer en Europe: découvrez les premières conclusions de l’enquête de l’EU-OSHA concernant l’exposition des travailleurs | Safety and health at work EU-OSHA (europa.eu): étude menée en Allemagne, en France, en Espagne, en Irlande, en Hongrie et en Finlande.
(3) www.cancer.be/les-cancers/risque-d-montr/cancers-professionnels-4-de-toutes-les-tumeurs-malignes