/Chanteur lyrique a la monnaie/de munt Luc de Meulenaere
Texte - A-C M-L // Photos - Luc de Meulenaere // ÉTÉ 2022 // TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES
Luc de MEULENAERE est chanteur lyrique (haute-contre) et exerce sa profession depuis 42 ans. Passionné par son métier, il se produit autant en qualité de soliste qu’en qualité d’artiste des chœurs attaché au Théâtre royal de La Monnaie/De Munt. Il est également responsable de la délégation syndicale de la CSC ACV-Transcom au sein de cet établissement et président de la Commission artistique du Choeur.
EMPLOI SOUS LES PROJECTEURS /
Du haut de ses onze ans, Luc de MEULENAERE eût envie de devenir chanteur lyrique. Déjà au Collège Saint-Pierre à Uccle, il faisait partie de la célèbre Chorale du Collège Saint-Pierre (aujourd’hui appelée « Les Petits Chanteurs de Bruxelles »), chorale d’enfants dirigée par l’abbé Emmanuel Caron. Après ses humanités classiques, son père fit tout ce qu’il put pour le dissuader de s’engager dans une carrière artistique et il commença des études en architecture à Saint-Luc. Toutefois, sa passion prenant le dessus, il décida rapidement de se consacrer entièrement à son art et s’inscrivit au Conservatoire Royal de Bruxelles. Doué et doté d’une voix plutôt rare, la voix de haute-contre, il termina ses études et obtint son premier prix (Master) en deux ans, plutôt qu’en quatre. Il entama ensuite un diplôme supérieur dans la master class de Louis DEVOS, au Koninklijke Conservatorium (KCBrussels).
Un parcours professionnel riche et diversifié
Le moins qu’on puisse dire est que Luc de Meulenaere a un parcours professionnel riche et diversifié, tant et si bien qu’il serait difficile d’être exhaustif sur le sujet dans le cadre de cet article. Luc se remémore quelques temps forts de sa belle carrière : « J’ai commencé à chanter dans « Le Petit Orgue », un groupe semi-professionnel. Grâce à mon professeur et mentor Louis Devos, j’ai rapidement eu l’opportunité d’enregistrer trois CD pour ERATO. Sollicité par Philippe Herreweghe, j’ai également chanté dans ses deux Ensembles, « Le Collegium Vocale Gent » et « La Chapelle Royale » à Paris. En 1986, j’ai été engagé par Gunter Wagner comme 1er ténor dans le prestigieux Chœur de La Monnaie où je continue encore à chanter sous la direction d’Alain Altinoglu. Mes différents directeurs généraux furent Gérard Mortier, Bernard Foccroulle et Peter de Caluwe.
Par ailleurs, ma carrière de soliste et d’artiste des Chœurs m’a emmené, en tant qu’artiste lyrique invité, à chanter pour de nombreuses maisons d’opéras et des festivals nationaux et internationaux, comme celui de Bayreuth, de Salzburg ou d’Aix-en-Provence ainsi que dans des productions internationales pour, entre autres, Oper Frankfurt, l’Opéra national du Rhin à Strasbourg, Den Norske Opera à Oslo, l’Opéra national du Capitole de Toulouse, Chœur de Radio France à paris, Brooklyn Academy of Music, Liceu Barcelona Opera, Opera Ballet Vlaanderen, Staatsoper Berlin, etc. »
« Même en ayant une prédisposition innée pour
le chant, le métier s’apprend et, surtout, se perfectionne par la pratique. »
LUC DE MEULENAERE
Une même œuvre peut se redécouvrir à l’infini
Pour Luc, il faut essayer d’aimer tout ce qu’on doit interpréter, tant en baroque, classique et romantique qu’en musique contemporaine. Mozart, Verdi ou Wagner ont sans doute ses préférences mais il interprète avec plaisir toutes les œuvres du répertoire. Et celles-ci peuvent se redécouvrir à l’infini car chaque chef d’orchestre leur apporte une vision et une touche personnelle différentes.
Une journée à La Monnaie
A La Monnaie, les journées s’organisent, d’une part, en lectures, répétitions musicales ou scéniques et d’autre part, en représentations publiques. Parfois, un coaching en langue étrangère s‘avère indispensable pour comprendre et prononcer correctement les paroles chantées de l’œuvre. Eh oui, un chanteur lyrique doit pouvoir chanter en plus ou moins 10 langues différentes et s’exprimer durant les mises en scènes en 3 ou 4 langues différentes !
Marié, père de trois enfants dont une enfant lourdement handicapée (trisomie 21) et grand-père de deux petit-enfants, il entend équilibrer ses vies de famille et professionnelle sans que l’une nuise à l’autre.
Enfin, en tant que chef de délégation syndicale, Luc est fier d’avoir pu faire évoluer les conditions de travail à La Monnaie.
Sa première victoire syndicale concerne l’agencement et l’organisation du temps de travail des artistes du Choeur. En effet, afin de permettre aux artistes de combiner plus harmonieusement leur vie professionnelle avec leur vie privée, il a réussi à négocier une réorganisation des grilles horaires. Ainsi, les temps de répétition et de spectacle sont maintenant séparés en deux blocs distincts, laissant des plages ininterrompues de temps libre. Au tournant des années 2000, il parvint également à faire augmenter de 14 % la rémunération des artistes de la Monnaie/De Munt (10 % en salaire et 4 % en droits voisins), ce qui n’avait plus été fait depuis les années 1960. Actuellement, il essaye d’abroger la formule sur laquelle se base le calcul salarial des chanteurs du Chœur par rapport à celui des musiciens de l’Orchestre. En effet, les chanteurs sont payés sur base d’un faux 5/6e alors que tous travaillent à temps plein, qu’ils ont le même niveau d’étude et sortent des mêmes écoles que leurs collègues de l’Orchestre. Toutefois, cette manière de considérer ces deux métiers étant historique, les mentalités sont difficiles à changer et les rectifications d’autant plus difficiles à obtenir.
Luc de Meulenaere a assurément de beaux jours devant lui en tant que chanteur et représentant syndical pour la CSC ACV-Transcom. //
/La voix haute-contre
En chant lyrique, la voix haute-contre (altus en musique ancienne) est la voix naturelle masculine dont la tessiture est naturellement plus aigüe que celle du ténor. Il s’agit donc de la tessiture masculine la plus élevée. Il ne faut pas la confondre avec la voix du fausset, de contre-ténor ou celle du castrat. //