L’aviation du futur peut être sociale et durable à condition que les aspects sociaux, économiques, environnementaux et sanitaires reçoivent la même attention et que tous les acteurs impliqués participent de manière équitable. C’est l’essence de la campagne lancée il y a un an et demi par Ver.di, le syndicat allemand des services. Dennis Dacke, directeur des relations presse et publiques chez Ver.di, explique comment le projet « For The Best New Normal » a vu le jour.

Tout a commencé avec un certain nombre d’affiliés bénévoles qui, à l’été 2020, ont discuté de ce à quoi devrait ressembler l’aviation dans le futur. Ils ont élaboré un concept en collaboration avec les pilotes, le personnel de cabine et au sol ainsi que les travailleurs de la restauration et des autres services concernés. Dans leur vision du futur, il est crucial que les aspects sociaux, économiques, environnementaux et sanitaires soient valorisés de la même manière. Mais il est tout aussi important que l’aviation, en tant que service d’intérêt général, ne soit pas laissée à la merci des forces du marché. De plus, la politique de déréglementation et de privatisation imposée par la Commission européenne – aux conséquences catastrophiques – doit être revue d’urgence. Enfin, à la lumière de la crise climatique, il est préférable de réfléchir à la manière dont les emplois peuvent être adaptés à l›avenir, plutôt que de les supprimer au plus vite.

Démarrage officiel

Le projet a vraiment décollé lorsque les auteurs du concept du futur de l’aviation ont pu discuter de leurs idées et de leurs besoins lors d’une réunion hybride organisée en novembre 2020 avec des milliers de collègues et d’autres invités allemands et étrangers. Des décideurs politiques, des membres des comités d’entreprise des gestionnaires d’aéroports, des compagnies aériennes, des représentants des employeurs et organisations patronales, des entreprises de restauration et des prestataires de services d’assistance en escale ont également participé à la conférence. Tout le monde a fini par se rallier à leur vision.

Le fondement de la réussite du lancement du projet « For The Best New Normal » remonte en 2020, au début de la pandémie de Covid-19. A cette époque, Ver.di avait réussi à lancer une campagne autour des aides de l’État, « Staatshilfen von Allen – für Alle », et une campagne autour de la réduction du temps de travail, « #FCK60KuG90 », visant à augmenter l’allocation de chômage partiel de 60 % à 90 % du salaire net pour assurer la protection nécessaire aux victimes les plus touchées de la plus grande crise jamais survenue dans le secteur de l’aviation. L’indemnité de diminution du temps de travail a fini par être progressivement augmentée à 87 % du dernier salaire net. Une victoire qui a également permis d’atténuer le coup financier porté à l’ensemble de la société.

Accord gouvernemental

Même après le coup d’envoi officiel et à l’approche des élections fédérales qui se sont déroulées en Allemagne en automne, Ver.di a continué à organiser - en ligne - des moments de discussion entre militants et hommes politiques de tous les partis démocratiques. Aucune question n’est restée sans réponse. Ces réunions ont également rencontré un certain succès : l’accord de coalition conclu au Parlement après les élections contient de larges pans du plan Ver.di.

Le chemin à parcourir reste encore long. Et tant que la pandémie ne sera pas derrière nous, les défis resteront nombreux. Les licenciements potentiels, les transferts et autres mesures antisociales pèsent toujours comme une épée de Damoclès sur les 300 000 travailleurs des compagnies aériennes en Allemagne. Ver.di compte donc programmer, au printemps, des moments d’échange – à distance - avec le nouveau gouvernement allemand et augmenter encore la pression sur les politiciens et le monde des affaires.

La crise sanitaire actuelle a aussi appris à l’équipe de Ver.di que les syndicats devaient commencer à s’organiser différemment. De façon plus numérique. « Et pas seulement en ce qui concerne notre communication. Le projet « For The Best New Normal » a certainement montré qu’on peut également mener avec succès des campagne en format numérique. Trois millions d’Allemands ont signé la pétition pour la réduction du temps de travail. Mais cette campagne aurait été encore plus réussie si tous les signataires non encore affiliés s’étaient également immédiatement inscrits », explique Dennis Dacke. «Notre campagne a clairement montré qu’en leur donnant simplement la parole, les gens s’intéressent davantage à notre travail, que même des sujets difficiles tels que la protection du climat et la durabilité peuvent être discutés de cette manière, et qu’en fin de compte, un terrain d’entente s’est créé pour aborder les questions les plus importantes pour le futur. Nous avons également constaté que les travailleurs des compagnies aériennes souhaitent vivement s’impliquer mais leur engagement ne doit pas leur prendre trop de temps car ils n’en disposent pas suffisamment. C’est à nous d’y répondre de manière adéquate. »