L’ACTU /
«GSK a choisi de faire passer le business avant la diversité»
TEXTE David Morelli / PHOTO Shutterstock / 22 mai 2025 / temps de lecture: 3 minutes
Afin de se mettre en conformité avec les décrets de la politique «anti-woke» de Donald Trump, les sites belges de GSK ont suspendu leurs initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion.
Un recul inacceptable pour la CSC.
Les mots ont du sens. Leur absence aussi. La disparition des termes «diversité» et «équité» du site web de GSK Belgium confirme que le groupe pharmaceutique s’est plié à l’injonction faite par le gouvernement américain aux entreprises collaborant avec les États-Unis de retirer toute mention liée à la diversité.
«Nous sommes choqués, réagit Aurore Joly, permanente CSC. Les entreprises se retrouvent face à un choix: céder aux idées d’extrême droite en acceptant les injonctions du gouvernement Trump ou résister, malgré les risques de sanctions économiques. Il est inacceptable que GSK ait choisi de faire passer le business avant des valeurs aussi importantes que l’équité et la diversité.»
Le choix posé par la direction de GSK constitue un recul d’autant plus regrettable que l’entreprise est plutôt proactive en matière de diversité, en témoignent la présence d’une salle de méditation ouverte à l’ensemble des convictions religieuses, ou encore le drapeau arc-en-ciel accueillant les visiteurs à l’entrée du site de Wavre. «GSK a toujours prôné la non-discrimination et une tolérance zéro face au racisme. Nous ne savons pas comment la situation va évoluer, mais supprimer les termes “équité” et “diversité” du vocable n’annonce rien de bon», déplore-t-elle. Si la direction pointe l’aspect formel de l’opération, force est de constater que la cellule Diversité du groupe, qui s’occupait entre autres des politiques préventives contre toute forme de discrimination, va recevoir de nouvelles missions et que des projets en lien avec la diversité vont être supprimés.
Parallèlement à la réaction de GSK, Aurore Joly regrette également l’absence de réaction forte des représentants du monde politique. «Ils se disent outrés, mais nous attendons toujours des réactions concrètes pour protéger l’ensemble des travailleurs de Belgique contre les idées d’extrême droite et l’ingérence des États-Unis. Nous allons prendre contact avec Unia pour voir comment réagir concrètement à cette situation», annonce-t-elle.
Des discriminations à l’emploi réelles
Le rapport statistique d’Unia, l’institution publique interfédérale indépendante qui lutte contre la discrimination et promeut l’égalité, indique que «le domaine de l’emploi concentre la majeure partie (35%) des dossiers ouverts (1.704)» en 2023. Et pour la première fois depuis plusieurs années, le nombre de dossiers ouverts concernant des discriminations dans le domaine de l’emploi (591) est reparti à la hausse…
Autre enseignement de ce rapport: les critères «raciaux» constituent la principale source de discriminations au sein des entreprises belges. «Pour les critères raciaux, les dossiers concernent surtout les relations de travail», tandis que les dossiers liés aux convictions philosophiques et religieuses concernent principalement le recrutement.
Dans ce contexte, en tant que syndicat présent dans le monde du travail, la CSC doit être un moteur puissant d’égalité des chances.
Vous êtes victime ou témoin de discriminations au travail?
Les discriminations à et dans l’emploi sont le fait d’une différence de traitement sur la base de différents facteurs: origine, genre, âge, handicap, couleur de peau, conviction religieuse, état de santé, orientation sexuelle…
Si vous estimez être victime ou témoin d’une discrimination, contactez:
• Unia au 0800/12.800 ou sur www.unia.be
• L’IEFH, pour les questions de genre et de transphobie, via www.igvm-iefh.belgium.be
Le service Diversité de la CSC est également là pour vous écouter, vous informer, vous conseiller et vous aider dans vos démarches.
Infos et formulaire de signalement sur www.lacsc.be/diversite