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PAROLES DE MILITANTE /

«Il reste encore beaucoup de pain sur la planche.»

Jasmin Akter (24)

/OUVRIÈRE DE L’HABILLEMENT AU BANGLADESH

Jasmin Akter (24 ans) travaille depuis l’âge de 16 ans dans une grande usine de vêtements tournée vers l’exportation à Dhaka, la capitale du Bangladesh. Cette entreprise fabrique des vêtements de prêt-à-porter notamment pour C&A et Camel Active. Jasmin y repasse des vêtements. Elle gagne 10.000 taka bangladais par mois, soit environ 89 euros. Elle travaille 48 heures par semaine, à raison de six journées de 8 heures. Chaque mois, elle est assurée de prester un grand nombre d’heures supplémentaires qu’elle ne peut refuser. Avec ces heures supplémentaires, elle gagne en moyenne 111 euros par mois.

Outre son travail, Jasmin s’est beaucoup engagée sur le plan syndical. Sur les 3.000 travailleurs que compte son entreprise, 1.600 sont affiliés au syndicat NGWF (National Garment Workers Federation). Jasmin en est la présidente. Le syndicat n’a pas été créé sans heurts, explique-t-elle: «Une première procédure d’enregistrement en 2016 a échoué. L’employeur avait mis des bâtons dans les roues et intimidé les travailleurs. Une nouvelle tentative en 2018 s’est soldée par un procès devant le tribunal du travail. L’employeur a été contraint de faire marche arrière et d’autoriser à contrecœur la création d’un syndicat. Les conditions de travail ici, selon les normes bangladaises, sont bonnes. Les salaires minimums sont respectés, les heures supplémentaires sont payées, les travailleuses peuvent bénéficier d’un congé de maternité rémunéré, etc. Les femmes disposent désormais de toilettes séparées. Les installations d’eau potable sont suffisantes. Dans de nombreuses usines, vous n’avez pas le droit de boire beaucoup, sans quoi vous devez aller aux toilettes trop souvent. Pendant la crise sanitaire, quand l’entreprise a été obligée de fermer pendant un mois, nous avons quand même reçu une partie de notre salaire, ce qui ne fut pas le cas partout.»

Comme ce n’est pas autorisé au sein de l’usine, Jasmin organise des réunions syndicales à l’extérieur de l’entreprise, ainsi que des permanences pour aider les travailleurs individuellement à résoudre leurs problèmes. «Il reste encore beaucoup de pain sur la planche. Par exemple, il faut augmenter les salaires de toute urgence.»

TEXTE & PHoto Patrick Van Looveren | TEMPS DE LECTURE: 1 MINUTE | SYNDICALISTE 19 AVRIL 2023