PAROLES DE MILITANT /
«Les gens se sont battus pour avoir congé le dimanche!»
Gavine (46 ans), employé au Okay d’Aubel et délégué CSC au CE et en DS
TEXTE Donatienne Coppieters / PHOTO Jochen Mettlen / 19 MARS 2025 / TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES
«L’enseigne Okay, créée par Colruyt, est socialement bleue. On arrive petit à petit à grapiller des voix, mais on n’a pas droit au chapitre. Au CE, la CGSLB est majoritaire à 70%, contre 15% pour la CSC et 15% pour la FGTB.
Sur les 146 Okay de Belgique, environ trois quarts sont situés en Flandre et un quart en Wallonie et Bruxelles. Nous avons une seule instance nationale pour le CE et le CPPT pour l’ensemble des magasins Bio-Planet, Okay, Cru et Okay City.
Actuellement les Okay sont fermés le dimanche, à part Okay City. Mais notre DG a annoncé sa volonté d’ouvrir le dimanche matin, de 8h à 12h30. Au niveau de l’organisation, on nous dit qu’on va utiliser beaucoup d’étudiants, que les employés ne devront assurer qu’un dimanche par mois… Ils vont lancer les négociations assez rapidement, mais jusqu’ici, tout est flou.
Le discours qu’on entend c’est qu’ils ne souhaitent pas ouvrir le dimanche, mais ils craignent que s’ils ne le font pas, ils risquent de perdre un peu plus de parts de marché au profit de la concurrence. Je trouve ça malheureux de sacrifier la vie de famille de 1.900 personnes pour quelques parts de marché. Même si on ne doit assurer qu’un dimanche par mois, l’impact se fera sentir toute la semaine. On va travailler essentiellement avec des étudiants et des flexi-jobers qui n’ont pas la même expérience que nous.
Tout ce qui ne sera pas fait ou fait à moitié le dimanche devra être rattrapé en semaine. Mais les magasins Okay fonctionnent avec des petites équipes de 7 à 13 personnes. Comment va se passer le travail de semaine avec un magasin qui compte 7 employés dont 2 travaillent le dimanche et vont devoir récupérer un jour supplémentaire en semaine Ils vont compenser par du travail étudiant. Mais on a de plus en plus de mal à trouver des étudiants motivés. De plus en plus de jobistes sont très peu disponibles. Il arrive même qu’ils ne viennent pas travailler sans prévenir alors qu’ils sont sur l’horaire. Cela crée une surcharge de travail pour les autres employés. On a tellement besoin d’eux qu’à la limite on ne leur dit rien. Les étudiants, rien du tout! Parfois, quand les gérants fonts les horaires, ils planifient d’abord les disponibilités des étudiants et puis ils comblent les trous avec les employés. Ce qu’il faut faire, c’est mettre la pression sur le gouvernement pour empêcher l’ouverture des magasins le dimanche. Les gens se sont battus pour avoir congé le dimanche! Six jours d’ouverture sur sept, c’est amplement suffisant pour faire ses courses.
À ce stade, il faut absolument qu’on négocie une CCT qui encadre solidement le travail le dimanche et qui ne sera pas remise en cause une fois que la législation aura changé.»