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«Nous ne nous laisserons pas dépouiller»

TEXTE Ann Vermorgen, présidente de la CSC / PHOTO Paul Corbeel / 15 OCTOBRE 2025 / TEMPS DE LECTURE 2 MINUTES

Connaissez-vous Dikke Freddy? Dikke Freddy (1) est l’homme qui envoie des lettres aux politiciens de tous bords par le biais de journaux. Il fait souvent tomber les masques des puissants. Eh bien, à la CSC, il y a quelqu’un qui lui ressemble: Éric.

Éric m’envoie souvent des mails, avec de longs calculs sur les pensions des citoyens ou sur ce qu’une taxe sur les activités numériques d’Amazon et autres géants pourrait rapporter. Il m’a aussi envoyé un message à l’attention de toutes celles et ceux qui sont descendus dans la rue le 14 octobre.

Éric était là pour Edith, aide-ménagère dans le secteur des titres-services. Un travail pénible qui fait encore plus souffrir son dos qu’avant. Elle a récemment obtenu une augmentation brute de 0,77 euro par heure, après des mois de lutte syndicale soutenue. Mais nous savons tous que cette augmentation sera à peine perceptible sur son compte en banque.

Éric était à Bruxelles pour Véronique qui a travaillé toute sa vie dans un magasin et est au chômage depuis deux ans. Bientôt, elle perdra ses allocations. Peut-être pourra-t-elle encore bénéficier d’une aide du CPAS. Peut-être… car son mari a un revenu. Véronique est «activée» de façon sévère, elle qui est accusée de «profiter» depuis si longtemps.

Mais en quoi la suppression de ses allocations l’aidera-t-elle à trouver un emploi?
Bonne question… à laquelle personne ne répond. Seule certitude: le travail flexible sera étendu à encore plus de secteurs.
Éric est venu à Bruxelles pour Solange, 59 ans, mère de deux enfants lourdement handicapés. Depuis 30 ans, elle concilie son travail avec la prise en charge de ses enfants. Elle n’a jamais travaillé moins d’un mi-temps, et plus quand elle le pouvait. Mais avec le malus pension, le gouvernement la pénalisera bientôt pour s’être occupée de ses enfants. Solange risque de devoir travailler plus longtemps pour une pension moindre, simplement parce qu’elle a pris soin de ses enfants handicapés.

Tout cela sous prétexte «qu’il n’y a pas d’autre solution», car «il n’existe pas d’alternative». Vous connaissez la rengaine… orchestrée par un Premier ministre qui n’a pas hésité, récemment, à proposer un saut d’index ET une hausse de la TVA. Alors que les salaires sont gelés depuis des années. Alors que nous savons tous qu’il est possible de faire autrement. En faisant contribuer tout le monde correctement. En appliquant la règle simple selon laquelle toute heure de travail doit générer des cotisations sociales, que ce soit via une société de management ou non. En taxant sérieusement les plus-values. En instaurant un véritable impôt sur la fortune. En imposant une taxe numérique aux géants de la tech. En veillant à ce que le travail ne rende pas malade. En examinant sérieusement et de manière critique les milliards de subventions accordés aux entreprises. Créent-elles vraiment des emplois? Incitent-elles les entreprises à rester? Favorisent-elles réellement l’innovation? Ou cet argent disparaît-il simplement dans les poches des actionnaires?

Nous ne nous laisserons pas dépouiller. Ceux qui ignorent les citoyens les retrouveront dans la rue. Vous l’avez prouvé mardi dernier, en participant à la manifestation qui a rassemblé plus de 100.000 personnes.

 

(1) Dikke Freddy est un personnage fictif créé par l’écrivain flamand Erik Vlaminck. Depuis 1993, ce personnage incarne un homme marginalisé - souvent sans emploi, sans domicile fixe ou vivant dans des institutions - qui écrit des lettres pleines d’humour, de sarcasme et de lucidité à des responsables politiques et autres: ministres, bourgmestres, responsables d’organismes sociaux… Il donne ainsi une voix aux personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ses lettres sont publiées dans divers journaux néerlandophones.

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