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FACE À FACE /

AGC Kempenglas: «Ici, nous traitons les intérimaires sur un pied d'égalité»

TEXTE Eva Van Laere | PHOTO Karolien Coenen | TEMPS DE LECTURE: 4 MINUTES | SYNDICALSTE 17 MAI 2023

À l’occasion de la semaine de l’intérim, nous tenons à mettre en avant une équipe syndicale CSC qui s’engage pleinement en faveur des travailleurs intérimaires. C’est certainement le cas dans l’usine de produits verriers AGC Kempenglas à Mol, une filiale d’AGC Glass Europe. Benny Princen, délégué principal, et Anita Roggemans, déléguée(1) témoignent. L’attention portée aux besoins des intérimaires s’est traduite par un excellent résultat aux élections sociales.

/AGC Kempenglas

· AGC Kempenglas fabrique des doubles et triples vitrages isolants pour le secteur de la construction au Bénélux.
· L’entreprise existe depuis plus de 100 ans et est une filiale du groupe AGC, leader mondial du verre plat.
· La Belgique a une longue tradition de production de verre. En 1914, le Belge Émile Fourcault a mis au point le premier procédé mécanique de fabrication du verre plat. En 1945, la Belgique était le plus grand producteur de verre au monde. En 1961, les deux plus grands producteurs de verre plat ont fusionné pour former Glaverbel, qui est devenu l’actuel AGC Glass Europe.

Benny, le «chef» et coordinateur du comité d’entreprise européen de la société mère AGC Glass Europe, connaît le site comme nul autre. Enfant, il habitait de l’autre côté de la rue. «Presque tous les habitants du village travaillaient chez Glaverbel (aujourd’hui AGC Kempenglas). J’ai commencé ma carrière comme militaire, avant de changer pour un emploi mieux rémunéré comme technicien chez Glaverbel. Après quoi, j’ai commencé à me consacrer à l’action syndicale.»

Anita a commencé comme intérimaire chez AGC Kempenglas. Elle pensait rester un an, mais aujourd’hui, dix ans plus tard, elle est toujours là(1). «En tant qu’intérimaire, je me suis immédiatement sentie intégrée dans le groupe. J’ai été accueillie à bras ouverts par les délégués de la CSC. Ils sont venus spontanément se présenter», raconte Anita. Elle a rapidement décroché un contrat à durée indéterminée et s’est engagée syndicalement. Lors des précédentes élections sociales, elle a obtenu un grand nombre de voix.

«Nous formons une formidable équipe et nous sommes même assez nombreux», expliquent Benny et Anita. «D’ailleurs, nous l’avons emporté haut la main aux dernières élections sociales. Nous sommes très complémentaires. Certains d’entre nous sont doués en chiffres, d’autres sont forts pour gérer les événements de groupe. Nous veillons à ce qu’il y ait suffisamment de sensibilité féminine... Nous associons tout le monde à notre travail syndical. Nous échangeons beaucoup d’informations», ajoute Anita.

Selon Benny et Anita, l’un des grands défis à relever est de convaincre les jeunes de s’engager pour le syndicat. «Souvent, ils ne savent pas ce qu’est un syndicat et encore moins ce qu’un syndicat peut faire pour eux. Beaucoup de travailleurs commencent ici comme intérimaires. En tant que syndicat, on peut choisir de ne rien faire - après tout, ils travaillent pour le compte d’une agence d’intérim - ou bien d’être proactif. Nous optons pour cette dernière solution. On engage la discussion avec eux, on les encadre, on les affilie, on les sensibilise aux élections sociales et au travail syndical. Nous sommes actuellement confrontés à une pénurie de personnel, malgré les bonnes conditions de travail. Nous voulons que les intérimaires se voient proposer des contrats à durée indéterminée le plus rapidement possible, par principe, mais aussi pour éviter qu’ils n’aillent voir ailleurs. Il y a des années, nous avons pu négocier une bonne CCT, avec une limitation du délai entre l’intérim et le contrat fixe, et ça marche très bien.»

plus

«Ici, nous traitons les intérimaires sur un pied d’égalité avec les travailleurs fixes, explique Anita. Parfois, nous devons intervenir pour eux au niveau syndical. Nous avons par exemple réussi à faire respecter le droit d’une collègue intérimaire enceinte d’être écartée du lieu de travail. En effet, la collègue était exposée à des risques pouvant mettre en péril la santé de son enfant. Il arrive souvent que les contrats d’intérim cessent en cas de maladie ou de grossesse, ce qui prive les intérimaires de certains droits. En cas d’écartement complet du lieu de travail, une travailleuse enceinte a, par exemple, droit à des indemnités qui s’élèvent à 78% du salaire brut plafonné. Après des mois d’insistance auprès de l’agence d’intérim Adecco, de l’Inami et de Federgon, et avec le soutien de la direction d’AGC Mol et du conseiller en prévention de l’agence d’intérim qui s’est investi dans ce dossier, nous avons finalement trouvé une solution pour maintenir la travailleuse sous contrat. Grâce à ce travail de longue haleine, après des mois d’attente, la travailleuse concernée qui se retrouvait sans aucune source de revenus (en effet, en tant qu’ancienne indépendante, elle n’avait pas encore droit aux allocations de chômage) s’est finalement vu payer les arriérés d’allocations. Tout est bien qui finit bien».

«Les intérimaires d’aujourd’hui sont les syndicalistes de demain. Ils devront se battre pour les pensions de demain, concluent Benny et Anita. D’ailleurs, les intérimaires ont le droit de voter aux élections sociales sous certaines conditions(2). En étant là pour eux, nous pouvons faire valoir ce droit de vote!».

(1) Depuis l’interview, Anita a quitté AGC et travaille maintenant à la CSC.
(2) Les intérimaires qui ont presté 32 jours ou plus (avec ou sans interruption) entre le 1er novembre 2023 et le 31 janvier 2024 disposent du droit de vote lors des élections sociales de mai 2024 organisées chez le client-utilisateur.

/Semaine de l’intérim

À l’occasion de la Semaine de l’intérim de la CSC (du 22 au 26 mai), nous nous mobilisons pour que les intérimaires soient correctement informés de leurs droits. Dans le Syndicaliste n°981, vous avez trouvé l’affiche de campagne ainsi qu’un lien vers le reste du matériel de campagne. Il ne faut toutefois pas limiter notre attention à cette seule semaine!

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