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PAROLES DE MILITANTE /

Charlotte, Prof. d’histoire géo dans l’enseignement qualifiant et professionnel

TEXTE Donatienne Coppieters / PHOTO Alan Marchal / 11 décembre 2024 / temps de lecture: 2 minutes

/Charlotte Dubrulle (33 ans)

«Laissons le droit à l’erreur aux élèves!»

Charlotte Dubrulle est prof. au nursing de la Louvière depuis 9 ans. Elle est nommée dans le qualifiant. Ayant participé à la grève des enseignants le 26 novembre, elle témoigne de son vécu d’enseignante et de ses craintes.

«La formation dans l’enseignement qualifiant est un levier puissant pour l’emploi. Beaucoup d’élèves obtiennent un boulot directement après leur 6ᵉ ou 7ᵉ année, ce qui témoigne de la qualité des formations. Mais il existe aussi certaines filières qui ne permettent pas d’accéder à une qualification ou ne permettent pas un perfectionnement, ce qui oblige les élèves à poursuivre des études supérieures, comme les aspirants en nursing qui, avec seulement un CESS, se dirigent souvent vers des formations d’infirmiers (haute école) ou d’aides familiales (7ᵉ professionnelle). On ne le sait pas assez, mais il existe aussi beaucoup de bacheliers professionnalisants dans le supérieur, que ce soit en plein exercice ou en alternance. Ce sont des parcours valorisants mais encore sous-estimés.

Le gouvernement semble négliger ces spécificités dans ses réformes. Il prévoit une réduction de 3% de l’encadrement qualifiant dès la 3e secondaire, qui augmenterait le nombre d’élèves par classe et provoquerait une perte d’emploi. De plus, il veut que certains élèves majeurs en 3ᵉ ou 4ᵉ secondaire ne soient plus comptabilisés dans les calculs d’encadrement, ce qui risque de marginaliser ceux qui ont des parcours de vie atypiques.

Les 7ᵉ années, souvent essentielles pour affiner les compétences professionnelles, sont menacées. Dès la rentrée 2025, toutes les 7TQ disparaîtront (il y a 3 excep-tions) et on ignore le sort réservé aux 7P pour les années à venir. Ces différentes mesures sont annoncées dans le décret programme qui doit être voté le 11 décembre (1). Ces décisions pourraient restreindre les opportunités pour les élèves issus du qualifiant, les envoyant vers des formations pour adultes pour les plus courageux ou à des emplois précaires, accentuant ainsi une société à deux vitesses: le général menant aux études universitaires et le qualifiant limité à des métiers.

Les enseignants et les parents craignent des répercussions à long terme sur l’équité sociale et la qualité éducative. Je refuse cela. Je suis issue du qualifiant comme agent d’éducation. J’ai un diplôme d’éducatrice A2 et j’ai fait un bachelier pour être enseignante en sciences humaines. Je veux que mes enfants puissent avoir le choix de ce qu’ils veulent faire plus tard, quelle que soit la filière, et qu’ils aient encore le droit à l’erreur.»

(1) Le jour du bouclage de ce numéro de Syndicaliste.