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L'ACTU /

Green deal européen et amiante: vers une bombe à retardement?

TEXTE Danièle Ernotte et David Morelli | PHOTO Appolinary Kalashnikova | TEMPS DE LECTURE: 2,8 MINUTES | 15 MARS 2023

Chaque année, dans l’Union européenne, l’amiante tue environ 90.000 personnes par cancer du poumon et mésothéliome. Avec l’adoption du Green Deal européen et le vaste programme de rénovation de bâtiments qui en découle, le risque est grand d’assister dans le futur à une nouvelle vague de victimes de l’amiante.

Début février, les membres de la Commission de l’emploi et des affaires sociales du parlement européen ont entamé les discussions sur la modification de la directive concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à l’amiante.

Selon l’Institut syndical européen (ETUI), on s’attend en effet à ce que 35 millions de bâtiments fassent l’objet d’un entretien, soient rénovés ou démolis d’ici 2030. Ces bâtiments ont été construits avant l’interdiction totale de l’amiante qui ne date que de 2005 dans l’UE (1998 en Belgique).

Risque accru

Par conséquent, entre 4,1 et 7,3 millions de travailleurs dans le secteur de la construction et de la rénovation, dans la gestion des déchets et dans les services de lutte contre l’incendie seront exposés à un risque accru d’exposition à l’amiante au cours de la prochaine décennie.

On sait en effet que scier, percer ou briser un élément qui contient de l’amiante comporte des risques. L’inhalation des fibres d’amiante peut provoquer une asbestose et différents types de cancers, dont le mésothéliome et les cancers du poumon, du larynx et de l’ovaire. Dans la plupart des cas, les symptômes ne se développent qu’après une longue période de latence de 20 à 40 ans.

Sur les chantiers, les plus vulnérables seront sans aucun doute les travailleurs migrants, détachés, transfrontaliers et indépendants présents en masse dans le secteur de la construction.

Les demandes de la CSC

La CSC soutient le Parlement européen dans ses efforts pour convaincre le Conseil européen de rendre la directive européenne plus stricte que ce qui est actuellement sur la table. Cela sera nécessaire pour protéger de manière adéquate les travailleurs qui entrent en contact avec l’amiante. Concrètement, nous demandons des limites d’exposition plus strictes et des méthodes de mesure plus efficaces pour mesurer l’exposition à l’amiante. Mais aussi des méthodes de travail plus sûres, une meilleure formation pour tous les travailleurs et des exigences strictes en matière d’accréditation pour les travailleurs du secteur de l’enlèvement de l’amiante. En outre, des règles plus strictes ne seront efficaces que s’il y a suffisamment d’inspecteurs pour en vérifier le respect.

Source: Le Green Deal et la vague de rénovation: une bombe à retardement de l’amiante pour les travailleurs européens. Via www.rise.be

kijker

/Hommage à Vivian Lescot, cofondateur du collectif amiante de la CSC

C’est une figure importante du combat contre l’amiante dans la région de Mons-Borinage qui s’est éteinte le
6 février dernier. Vivian Lescot, ancien délégué CNE à l’usine Coverit d’Harmignies, a voué une partie importante de son travail syndical et de sa vie à sensibiliser les travailleurs et les pouvoirs publics aux dangers de l’amiante. Avec le Collectif amiante et produits dangereux de la CSC (CAPD), dont il était l’un des fondateurs, il aura participé activement au combat pour faire reconnaître l’amiante comme maladie professionnelle, ainsi qu’à la création du Fonds amiante. Plus récemment, il s’était lancé, avec le CAPD, dans une campagne d’information et de sensibilisation sur l’amiante dans les écoles de la région de Mons et de La Louvière. «La CSC Mons-La Louvière est reconnaissante du combat mené et des avancées syndicales obtenues avec le concours du travail de Vivian et des autres militants du CAPD pour la reconnaissance des victimes, pour sensibiliser sur les risques de l’amiante et pour que le travail ne tue plus!», déclare, lui rendant hommage, Jean-Marc Urbain, secrétaire fédéral de la CSC Mons-La Louvière.

Le 28 avril prochain, à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, sa photo sera déposée à côté de celle de Michel Verniers, ex-délégué CSC chez Coverit et cofondateur du CAPD, sur la stèle aux victimes de l’amiante à Harmignies.

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