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La différence entre une pizza et votre pension

Ann Vermorgen, présidente de la CSC / 15 JANVIER 2025 / TEMPS DE LECTURE: 1 MINUTE

Une amie fête son anniversaire et propose à ses amis d’aller manger une pizza, histoire de papoter et de prendre un peu de bon temps. Génial! Vous avez aussi envie d’une pizza quatre saisons mais vous êtes allergique aux champignons. Que faites-vous dans ce cas? C’est simple, vous commandez une pizza, mais vous demandez explicitement de ne pas mettre de champignons. Vous évitez ainsi de devoir retirer les champignons de votre pizza et vous vous épargnez aussi une réaction allergique quelques heures plus tard. Communiquer clairement au bon moment, nous le faisons tous, tous les jours.

Ce qui est possible pour une pizza ne l’est manifestement pas pour les pensions des citoyens. Certains responsables politiques et certains professionnels des médias trouvent que les syndicats réagissent trop vite aux coupes budgétaire que prépare Bart De Wever. Certains organes de presse puissants, qui affichent clairement leur sympathie pour la N-VA et pour Bart De Wever, ne se gênent d’ailleurs pas pour insulter et ridiculiser les syndicalistes. Le message est clair: nous devons nous tenir à carreau et attendre sagement que tout soit décidé.

Je tiens à rassurer ces faiseurs d’opinion et ces responsables politiques: nous n’agissons pas à la légère. Nous avons attentivement analysé les textes des super notes que les responsables politiques se sont empressés de divulguer et qui ont largement été relayés dans les médias. Nous avons également vérifié les calculs. Une seule conclusion s’impose: ce sont monsieur et madame Tout-le-Monde qui vont payer la facture des mesures d’austérité du formateur Bart De Wever. Nous savons par expérience qu’il est bien plus utile et efficace d’adresser des mises en garde en amont, avant qu’une telle politique irréfléchie et néfaste ne soit mise en œuvre. Une fois que les décisions sont prises, il est plus difficile pour les responsables politique de faire marche arrière, même si ces décisions sont mauvaises.

Bart De Wever et son compère, Georges-Louis Bouchez, savent pertinemment d’où va venir la plus forte opposition. C’est pourquoi la super note comporte des mesures visant à museler les syndicats. Réduire la protection des délégués syndicaux, imposer la personnalité juridique, saper le droit de manifester…, ce n’est pas une coïncidence évidement. Ces mesures sont des éléments cruciaux du plan.

Ce qui frappe également, c’est le fait que les plans de Bart De Wever sont présentés dans les médias comme étant incontournables. Une fois de plus, le message est clair: «Manifester ne sert à rien». C’est exactement ce que le formateur déclare depuis des mois, en ne cessant de répéter qu’il n’y a pas d’alternative. Les choix de la super note sont quasi considérés comme de la science, dépourvus de trace d’idéologie ou d’opportunisme politique. Permettez-moi de rétorquer qu’il y a des alternatives pour mettre de l’ordre dans le budget. Si les négociateurs de l’Arizona mettaient enfin de l’ordre dans la fiscalité, on ferait déjà un grand pas en avant. Si on pouvait éviter que les gens arrêtent de travailler parce qu’ils tombent en maladie de longue durée, si on arrêtait de penser que la solution à ce problème réside dans des sanctions, on épargnerait des milliards. Combler les déficits énormes au niveau des recettes de la sécurité sociale, dus au tax shift et aux pertes financières découlant de toutes sortes de statuts bon marché, rapporterait des milliards.

Si toutes ces mesures ne sont pas réalisables politiquement, ce n’est pas une loi de la nature. Il s’agit simplement de choix politiques et idéologiques. Et jusqu’à preuve du contraire, il est toujours possible, dans une démocratie, d’y opposer d’autres choix, y compris lorsqu’ils émanent de la société civile. Tout comme il est toujours possible de mener des actions et ce, de préférence avant que la pizza ne soit servie avec des champignons.

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