ENVIRONNEMENT /
La gestion de l’eau à Bruxelles
TEXTE Ismael Taghani & Tom Meremans | TEMPS DE LECTURE: 4 minutes
Le forum Brise (1) du 19 février 2024, a mis l’accent sur l’importance de repenser la gestion de l’eau à Bruxelles tout en favorisant une approche intégrée et respectueuse de l’environnement.
Les interventions des acteurs clés tels que le Port de Bruxelles, Vivaqua, Bruxelles Environnement et le ministre de l’Environnement témoignent de l’engagement local pour préserver cette ressource vitale et assurer un avenir durable pour la capitale belge. De nombreuses initiatives concrètes ont été présentées, certaines déjà en cours de réalisation, et d’autres en attente d’approbation.
(1) Brise est le Réseau bruxellois intersyndical de sensibilisation à l’environnement. Composé des 3 syndicats (CSC, FGTB et CGSLB), il sensibilise les représentants des travailleurs aux thématiques environnementales et climatiques dans leur entreprise et leur donne des outils pour passer à l’action. www.brise-environnement.be
Alain Maron
ministre bruxellois de l’Environnement
ministre bruxellois de l’Environnement
«L’eau à un prix correct pour tous»
«L’eau potable doit rester accessible et à un prix correct pour tous. C’est un défi majeur et urgent pour Bruxelles, car la Belgique est l’un des pays les plus exposés aux risques de pénuries hydriques. Le changement climatique aggrave d’autant plus la situation. Chaque dixième de degré supplémentaire de réchauffement climatique a un impact significatif sur la vie des gens. Il est donc essentiel de limiter les effets du changement climatique, de préserver l’eau de pluie, de réparer nos égouts et de garantir l’approvisionnement en eau potable à tous.»
Martin Ohsé
Bruxelles Environnement
Bruxelles Environnement
«Un plan de gestion de l’eau ambitieux
«Nous avons mis en place un plan de gestion de l’eau ambitieux pour la période 2022-2027. Ce plan vise à maximiser l’infiltration des eaux de pluie, à réhabiliter le réseau hydrographique de la ville et à garantir un écoulement naturel de l’eau vers la mer. Parmi les projets phares de ce plan, nous retrouvons la remise à ciel ouvert de la Senne à Schaerbeek et l’aménagement du futur parc de Neerpede. Ces projets ambitieux visent à améliorer la qualité de l’eau, à préserver la biodiversité et à créer des espaces publics attractifs pour les Bruxellois. Nous sommes conscients des défis que représentent ces projets, mais nous ferons le nécessaire pour les mener à bien et trouver la balance entre le respect de la biodiversité et des lieux d’intérêts.»
Bernard Van Nuffel
président de Vivaqua
président de Vivaqua
«Garantir l’accès à l’eau pour tous»
«L’eau est un droit humain fondamental, mais à Bruxelles, tout le monde n’y a pas accès. Chez Vivaqua, notre mission est claire: garantir l’accès à l’eau pour tous. C’est pourquoi, en collaboration avec la Région bruxelloise, nous installons des fontaines publiques dans la ville. Elles permettront aux Bruxellois de se désaltérer facilement et gratuitement. D’ici fin 2025, nous espérons en installer une centaine dans différentes communes bruxelloises. C’est un projet ambitieux, mais essentiel pour l’avenir de notre ville.»
Gert Van der Eeken, DG
et Caroline Hermanus,
DG adjointe Port de Bruxelles
et Caroline Hermanus,
DG adjointe Port de Bruxelles
«Maintenir la propreté et restaurer la biodiversité du canal»
«Il faut savoir que le Port de Bruxelles, c’est 14 kilomètres de voies d’eau qui s’étendent sur plusieurs communes. Au-delà de son rôle économique important et évident, il joue un rôle crucial dans la gestion environnementale des eaux du canal.
Pour maintenir la propreté du canal, chargé de boue et de sédiments, nous avons mis en place des équipes de stewards qui signalent et collectent les déchets au quotidien. Ils disposent notamment de pièges à polluants qui sont vidés chaque semaine. Il s’agit d’une tâche d’une importance capitale, car chaque déchet non ramassé finirait un jour ou l’autre à la mer!
En plus de notre mission liée à la propreté, nous avons également pour objectif de contribuer à la restauration de la biodiversité dans le canal. En 2021, nous avons installé des nichoirs pour les oiseaux qui fréquentaient le canal il y a quelques années. Cela a commencé avec un couple et, en 2023, on observe déjà plus de 30 oiseaux nicheurs. Nous pensons à installer de nouveaux nichoirs pour les chauves-souris, les martinets et les hirondelles prochainement. Le retour de nouvelles espèces animales dans le canal constitue vraiment un signe encourageant pour l’avenir de la biodiversité bruxelloise.»
Émilie Lavender, gestion de l’eau de pluie- Bruxelles Environnement
«En finir avec le tout à l’égout»
D’une manière plus générale d’abord, il est important de faire comprendre à la société que trier ses eaux, c’est aussi important que trier ses déchets. Tant les eaux usées domestiques qu’industrielles doivent être collectées et acheminées vers une station d’épuration. Cela permettra à ces eaux usées d’être rejetées dans le milieu naturel sans l’abîmer; ou d’être utilisées pour l’irrigation, l’arrosage des espaces verts ou encore des usages industriels.
D’une manière plus spécifique à Bruxelles ensuite, il nous faut vraiment travailler sur la transition de l’approche actuelle, dite du “tout à l’égout”, vers celle de “la ville éponge”. Avec le tout à l’égout , toutes les eaux (usées comme de pluie) finissent dans un réseau bétonné et imperméable. En cas de fortes pluies, imprévisibles par ailleurs, les stations d’épuration peuvent être en surcharge. Vous vous doutez également que cette approche ne favorise pas la biodiversité. Au contraire, l’approche de “la ville éponge” veut imiter le fonctionnement naturel des sols en favorisant l’infiltration et la rétention des eaux pluviales. En installant par exemple des toits verts, en préservant ou en créant des nouveaux espaces verts, en utilisant des matériaux perméables pour les routes et les trottoirs, on pourrait lancer un véritable cercle vertueux: plus de biodiversité, réduction des risques d’inondations urbaines, amélioration de la qualité de l’eau des rivières et des lacs… Le système du tout à l’égout a été viable, mais il n’est plus suffisant pour faire face aux nombreux défis écologiques de demain.»