/Le travail à retravailler!
TEXTE Amélie Janssens I PHOTO Shutterstock | 17 JANVIER 2024 | TEMPS DE LECTURE: 3,5 MINUTES
En octobre, le Concertgebouw de Bruges et le BMCC (Bruges Meeting & Convention Centre) se pareront de vert pour le congrès national de la CSC. Intitulé «Le travail à retravailler», ce congrès mettra l’accent sur nos emplois. Nous revenons donc à nos fondamentaux, mais avec une nouvelle approche.
CONGRÈS CSC /
Un congrès sans lignes de force
Vous avez bien lu. Le jeudi 18 octobre 2024, le congrès ne se clôturera pas par un vote sur les lignes de force. Nous déploierons tous nos efforts avant et pendant le congrès pour assurer la participation d’un maximum de militants. Pour conclure ensuite sur des positions concrètes.
Depuis novembre 2023, des consultations ont lieu dans toutes les provinces afin de connaître vos préoccupations et vos propositions sur certains thèmes. D’ici les vacances d’été 2024, toutes ces contributions seront versées dans un texte de base pour le congrès, de nouveau axé sur une série de thèmes. Des thèmes qui reposent donc sur vos préoccupations.
Pendant le congrès proprement dit, les participants pourront poursuivre les discussions sur ces thèmes et s’informer à leur sujet. Il sera possible d’en débattre avec des orateurs pertinents, dans le cadre d’ateliers intéressants. Après le congrès, nos instances poursuivront le travail sur ces thèmes afin de définir des positions et des plans d’action.
Le travail au cœur de nos préoccupations
Dans nos vies, le travail occupe donc toujours une place importante. Toutefois, nos métiers évoluent. La charge de travail augmente. Divers statuts précaires sont créés. Il est de plus en plus difficile de combiner vie privée et vie professionnelle. Notre travail n’est pas toujours valorisé. Les inégalités de revenus se creusent. Notre participation et notre implication au travail diminuent également. Lors du congrès des 17 et 18 octobre 2024 et au cours des années suivantes, nous explorerons ensemble ce qu’il faut faire pour corriger ces déséquilibres.
/Principe: six blocs d’action
1. Vivre pour travailler? Travailler pour vivre?
Dans de nombreux endroits, le curseur entre la recherche du profit de l’entreprise et la qualité de l’emploi ne cesse de se déplacer vers le profit. Cela se réalise au détriment des travailleurs, ce qui augmente les risques psychosociaux et le nombre de maladies de longue durée.
Nous examinerons des questions telles que «Sommes-nous prêts à travailler jusqu’à 67 ans?», «De quoi avons-nous besoin pour prolonger nos carrières de manière adéquate?», «De quoi les travailleurs ont-ils besoin pour mieux combiner le travail et les prestations de soins?», etc.
2. Renforcer la démocratie sociale
Pouvoir défendre et responsabiliser collectivement les travailleurs permet d’accroître le sens et la qualité du travail, d’améliorer les conditions de travail et de rémunération et de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes sur le marché du travail. Malheureusement, trop peu de travailleurs sont en mesure d’en récolter les fruits, parce qu’exclus des cadres de concertation sociale.
C’est le cas des travailleurs des petites entreprises, mais aussi de beaucoup d’autres: les prestataires de flexi-jobs, les freelances, les étudiants, les travailleurs intérimaires, le personnel des sous-traitants, les travailleurs détachés, les travailleurs de plateformes, etc. La liste s’allonge au lieu de se raccourcir. Comment garantir la participation d’un plus grand nombre de travailleurs?
3. Des emplois dont nous pouvons être fiers
L’accélération de la digitalisation, de l’automatisation et de la robotisation, etc. rend le travail souvent plus répétitif, moins stimulant intellectuellement et en même temps plus étroitement contrôlé et dirigé. Le développement rapide de l’intelligence artificielle générative risque de renforcer cette tendance. Par ailleurs, dans de nom---breux secteurs, indépendamment d’une éventuelle digitalisation, les exigences en termes de productivité, de performance, de compétitivité et de réduction des coûts sont tellement élevées que les travailleurs n’ont pas les moyens de contrôler le contenu de leur travail et la manière dont ils l’effectuent.
Nous devons donc insister à nouveau sur le fait que les entreprises, les institutions et les administrations fonctionnent grâce aux travailleurs. Comment faire en sorte qu’ils soient de nouveau au centre des préoccupations?
4. Éliminer les inégalités de revenus
Les mécanismes de redistribution destinés à compenser les inégalités économiques et politiques sont sous pression: concertation collective pour les CCT, fiscalité redistributive, sécurité sociale, services collectifs. Conséquence: une inégalité croissante entre les revenus et les richesses, entre ceux qui sont actifs sur le marché du travail et ceux qui ne le sont pas.
Comment pouvons-nous réduire les inégalités salariales entre les secteurs? Comment pouvons-nous enrayer les inégalités croissantes entre travailleurs liées à la multiplication (très inégale) des avantages salariaux qui échappent aux cotisations et aux impôts normaux, que ce soit dans le cadre de «plans cafétéria» ou non?
5. Renforcer les secteurs
Notre modèle de CCT sectorielles et solidaires, qui couvrent également les PME, est mis à mal. Les employeurs peuvent «faire leur shopping» auprès des commissions paritaires qui leur paraissent les plus intéressantes et recourent de plus en plus à de faux indépendants et à des freelances pour échapper aux conditions sectorielles. Par ailleurs, nous constatons la même dégradation des conditions de rémunération et de travail dans le secteur public et le secteur non marchand, par la commercialisation et l’externalisation.
Nous devons donc réfléchir aux moyens de renforcer la concertation sectorielle, de mieux défendre les travailleurs des PME et d’éviter que la qualité du travail ne soit menacée par les restructurations, la franchisation, le passage au statut d’indépendant et le phénomène du «shopping» entre les différentes commissions paritaires.
6. Donner forme à une transition juste
Les événements climatiques récents nous obligent à nous rendre à l’évidence: notre modèle de croissance actuel n’est pas viable pour notre planète. Sans transition climatique et, plus largement, sans transition écologique, notre modèle n’est pas soutenable. Nous devons rester dans les limites de notre planète. Cette transition doit toutefois être juste.
Les entreprises et les secteurs doivent s’adapter au changement climatique. Comment faire en sorte que cette transition s’opère en tenant compte des travailleurs?