PAROLE DE MILITANTE /
Maurane: «Être conductrice de bus, c’est un métier dans l’ère du temps»
Maurane Geilenkirchen (26)
TEXTE ET PHOTO Donatienne Coppieters | 11 OCTOBRE 2023 | TEMPS DE LECTURE: 1,5 minutes
«Mon papa est conducteur de bus, mon grand-père était sous-chef de gare. Après des formations en hôtellerie, assistante soigneuse animalière, traiteuse, technicienne chimiste, mon papa m’a suggéré d’écrire un CV et une lettre de motivation pour devenir conductrice au Tec, au dépôt de Robermont comme lui. J’ai réussi tous les examens.
Je sortais de l’école, je ne savais pas du tout à quoi servait un syndicat, mais arrivée au Tec, on m’a conseillée de me syndiquer. Je suis allée chez les Verts, comme Papa qui m’a suggéré de devenir déléguée comme lui. Une place s’est libérée et mon permanent me l’a proposée.
Le dépôt de Robermont, le plus gros de Liège, compte entre 5 et 600 conducteurs, mais il en manque environ 200. Toutes les deux semaines, nous accueillons une dizaine de nouveaux. Quand ils et elles arrivent, les trois syndicats vont se présenter: on leur parle de l’entreprise, de l’intérêt de se syndiquer, ce qu’ils peuvent attendre de nous… Au départ, le métier est compliqué au niveau des horaires, en cas d’accrochage, d’accident. Je connais leurs diffi cultés parce que je suis passée par là. Le syndicat m’a rassurée et accompagnée, ce qui fait beaucoup de bien. On est là pour écouter, défendre, aider et soutenir dans les bons et mauvais moments. C’est très humain.
Notre rôle de syndicat c’est aussi de faire le relais entre les conducteurs et les usagers et les décideurs parce que les gens qui prennent les décisions au Tec ne sont pas sur la route.
Être déléguée, c’est un moyen de faire changer les choses. Des gens se sont battus avant nous pour nos acquis. Aujourd’hui encore, on doit se battre, tout donner, montrer qu’on n’est pas une génération perdue. Si chacun fait une petite goutte, on fera une grande rivière. Il faut prendre le temps de faire changer les choses, ne pas baisser les bras, pour nous et les générations futures.
Être conductrice de bus, c’est un métier dans l’ère du temps. Tout le monde ne pourra pas se payer des voitures électriques. C’est le moment d’inciter les gens à reprendre les transports en commun. Ça fait partie du changement. En plus, je me suis rendu compte que le Tec, c’est une bonne entreprise: on est payé à temps, on peut arranger ses horaires, on peut prendre des récups, on reçoit des primes… mais il y a peu de jeunes parce qu’ils ne le savent pas. Personne ne rêve enfant de devenir chauff eur de bus.»