1000è Syndicaliste /
Messages du passé et au futur….
TEXTE Donatienne Coppieters, Patrick van Looveren & Bram Van Vaerenbergh / 9 octobre 2024 / temps de lecture: 2 minutes
«Si la périodicité est maintenue, le n°1000 de Syndicaliste CSC devrait paraître en 2024. Comment l’imaginez-vous? De quoi parlera-t-il? Et quel message lancez-vous aux lectrices et lecteurs de 2024?» Telles sont les questions qui ont été soumises à plusieurs militantes et militants lors de la publication du 500è numéro de Syndicaliste en octobre 1998. Nous avons retrouvé deux d’entre eux et les avons confrontés à leurs commentaires de l’époque.
Michel Van Mellaert (70 ans)
En 1998, Michel, délégué chez Duracell à Aarschot, était convaincu que le Syndicaliste n’atteindrait pas le numéro 600. Dans le 500ème numéro, il déclarait: En 2024, «Syndicaliste CSC n’existera plus sous forme imprimée. Je ne crois même pas qu’il atteindra le numéro 600. Je pense que tout cela va se trouver sur internet et intranet. Comme militant, tu pourras choisir ce qui t’intéresse.»
Nous l’avons recontacté et reconfronté à la boule de cristal: «En ce qui concerne le Syndicaliste papier, j’avais tort (rires). Mais quand je regarde les jeunes d’aujourd’hui, ils obtiennent toutes les informations via leur smartphone, et non plus via une revue. Une évolution regrettable est qu’il y a moins de communication directe entre les gens. On est plus dans le chacun pour soi et le chacun pour soi maintenant. Le sentiment d’appartenance s’estompe et cela joue des tours aux syndicats. En 2050, ce sera plus difficile pour les syndicats à cause de la politique, je le crains. Les extrêmes seront alors davantage au pouvoir. Ou peut-être que le monde tournera à l’envers et que les gens utiliseront simplement plus leur esprit.»
Riet Van Droogenbroeck (72 ans)
En 1998, Riet, déléguée chez Ikea, ressemblait à Madame Soleil. En 2024, «selon moi, à cette époque, beaucoup feront du télétravail à domicile et je pense donc qu’on publiera des articles sur la façon d’améliorer les contacts sociaux, de sortir de son isolement, ou encore comment travailler de manière plus ergonomique avec l’ordinateur.»
Sa réaction aujourd’hui: «Le télétravail était un rêve à l’époque. Vous n’avez plus besoin d’être coincé dans les embouteillages, vous pouvez travailler plus détendu et concentré. Si vous me posez des questions sur 2050 maintenant, la question est de savoir s’il y aura toujours un syndicat. La connexion diminue. Il est très important que les représentants des travailleurs continuent à aller vers les gens sur le terrain et à écouter très attentivement leurs préoccupations. Et de bien les informer grâce à une communication accessible. N’hésitez pas à expliquer les choses 100 fois si nécessaire.»
Message au futur: Syndicaliste, la CSC et le travail en 2050
Comme pour le 500è numéro de Syndicaliste, quelques délégués ont pris leur boule de cristal pour se plonger dans le futur. Nous leur avons posé deux questions: Comment imaginez-vous la revue Syndicaliste et la communication aux militants en 2050? Comment imaginez-vous le syndicat et le travail et quels sujets traiterons-nous en 2050?
Tom Verhofstede,
enseignant (41 ans)
«En raison de la quantité d’informations que nous devons digérer chaque jour, le Syndicaliste en 2025 sera ‘tiktokisé’: tout sera constitué de reels et de vidéos percutantes pour diffuser les nouvelles auprès des militants. J’imagine aussi les militants comme des influenceurs sur les réseaux sociaux. Le syndicat aura traversé une période difficile d’ici 2050, où de grandes multinationales et le gouvernement auront érodé nos droits sociaux. Mais grâce à notre communication rapide, nous serons complètement de retour en 2050, et tout le monde sera convaincu que le syndicat est essentiel pour garantir nos droits.
Sebastiaan Kotsch,
monteur de scènes chez Stageco (42 ans)
«En 2050, il n’existera plus de version papier de Syndicaliste, mais une application complète et personnalisée qui saura quelle information est pertinente pour vous à chaque moment. Sur le plan professionnel, je pense que l’âge moyen des travailleurs sera à nouveau un peu plus élevé, et j’espère qu’il y aura des technologies disponibles pour rendre le travail physiquement supportable. J’espère surtout qu’en 2050, le syndicat ne sera pas devenu une organisation de résistance secrète.»
Moussa Cherif,
électromécanicien chez CP Bourg (52 ans)
«Je travaille chez CP Bourg où nous fabriquons des imprimantes industrielles et je pense que la revue Syndicaliste ne sera plus uniquement un support papier. Elle évoluera aussi vers les réseaux sociaux et des vlogs. Elle devra évoluer vers des supports qui attirent les jeunes. Elle devra se réinventer même si, personnellement, je préfère encore le bon vieux papier. J’ai un peu de mal à me projeter en 2050 avec les nouvelles technologies - surtout l’intelligence artificielle - qui arrivent à grand pas. Elles risquent probablement de transformer le monde du travail, tout comme le travail humain, vers l’automatisation et la robotisation: caisses automatiques dans les magasins, exosquelettes pour que les ouvriers soient plus performants, alors que l’outil avait pour vocation première d’éviter les troubles musculaires lors des tâches à répétition… Les syndicats devront avoir encore plus la vocation de protéger les ouvriers de cette automatisation. Ils devront être vigilants afin que la robotisation ne remplace pas l’humain à une trop grande échelle. Tout comme veiller à ce que les droits acquis depuis de nombreuses années ne nous soient pas enlevés.»
Saida El Hasouni,
déléguée principale H&M (54 ans)
«Le Syndicaliste ne sera plus publié sous forme papier et sera interactif. Les permanents et délégués pourront publier des articles à tout moment en lien avec l’actualité, avec l’aide de journalistes pour rendre les articles lisibles et accessibles. On va passer par une étape qui ne sera pas facile dans le monde du travail. En 2050, les questions d’écologie auront vraiment un sens. On va vers des grosses luttes, mais qui voudra les mener car les jeunes pensent avant tout à leur bien-être à préserver individuellement.
Dans 25 ans, je pense qu’il y aura toujours des magasins mais différents. Je suis née en 1970. Quand j’avais 10 ans, l’an 2000, on le vivait à travers des films de sciences fictions, des voitures futuristes qui ne toucheraient plus le sol… La réalité ne suit pas aussi vite que l’imaginaire. Les magasins existeront toujours car il y aura toujours le besoin de sortir et l’envie de consommer. Mais beaucoup de choses seront virtuelles: le client n’aura plus besoin d’essayer des vêtements. Il pourra se voir à l’écran avec la tenue choisie. Chacun deviendra son propre mannequin.»
Maurane Geilenkirchen,
conductrice de bus Tec (27 ans)
«J’imagine Syndicaliste comme une vidéo ou un journal d’information vidéo envoyé par mail aux militants et délégués. Je pense que l’on prônera un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle. On traitera d’un meilleur bien-
au travail: compréhension lors d’une dépression, moins d’heures ou de jours de travail dans la semaine pour une vie plus équilibrée et moins stressante.»
Mikaïl Ozdemir,
assembleur chez Twin Disc (27 ans)
«En 2050, tout sera devenu numérique. Le papier aura disparu, une application regroupant tout sur le syndicat aura été créée. Le travail restera le même et on traitera probablement des mêmes sujets car cela fait bien longtemps malheureusement que l’on n’évolue plus trop, sans parler de la loi de 96. J’espère quand même d’ici là que cela aura changé.»
Femke Stevens,
cadre chez Argenta (49 ans)
«En 2050, Syndicaliste sera fortement numérisé, avec une communication principalement via des plateformes en ligne et les réseaux sociaux. La robotisation et l’automatisation transformeront radicalement le marché du travail, ce qui rendra le syndicat crucial pour la protection de la sécurité de l’emploi. L’accent sera mis sur une répartition équitable de la richesse, où la solidarité entre les différents secteurs sera d’une grande importance. Les grandes entreprises seront encouragées à contribuer à une répartition équitable des revenus, notamment dans les secteurs des soins, de la garde d’enfants et du commerce de détail. La CSC introduira un modèle d’adhésion flexible permettant aux membres d’ajuster leur contribution et leurs avantages en fonction de leur situation personnelle, ce qui augmentera l’engagement. Ainsi, en 2050, un nombre historique de membres sera atteint, rendant le syndicat plus fort que jamais».
Elenora Kincses,
conductrice de métro à la Stib (41 ans)
«La communication aux militants sera exclusivement connectée et gérée par une intelligence artificielle. Syndicaliste sera aussi exclusivement connecté, puisque nous allons de plus en plus vers un monde numérique. La CSC traitera de la protection de la main d’œuvre humaine face à l’intelligence artificielle. J’ai peur que l’être-humain soit fortement mis de côté et que l’oisiveté crée énormément de dégâts, puisque l’être-humain n’aura plus de sens a son existence.»
Rik Cooleman,
pompier à Ostende (57 ans)
«J’espère de tout cœur que Syndicaliste existera encore en 2050. Moi-même, je serai alors à la retraite depuis 22 ans dans le meilleur des cas. Le fonctionnement devra être totalement différent parce que mes nouveaux jeunes collègues ont une autre vision de la vie. Nous ne savons pas à quelle vitesse le monde numérique évoluera, mais je pense qu’il n’y aura plus de version papier. J’attends 2050 avec impatience.»