close

Une question ou une remarque? Faites-le nous savoir!

Syndicaliste // Confédération des syndicats chrétiens (CSC) // Secrétariat de rédaction // Donatienne Coppieters // syndicaliste@acv-csc.be // Besoin de plus d'informations? Visitez www.cscmilitants.be

Retour au numéro actuel

ZOOM /

Mobilité: Le chemin est encore long

TEXTE: Marc Leemans, président de la CSC | PHOTO Shutterstock | TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES | 23 SEPTEMBRE 2023

Vous souvenez-vous des «gilets jaunes», ce mouvement de protestation qui a essaimé en France pour dénoncer l’envolée des prix des carburants? Beaucoup de Français ne pouvaient plus accepter de tels prix. Ils ont alors bloqué des ronds-points pendant des semaines. Pour autant que je sache, c’est un des principaux mouvements sociaux sur le thème de la mobilité. Et ce n’est probablement pas le dernier.

En Belgique aussi, la mobilité est au cœur de bon nombre de débats. Dans les entreprises, les problèmes cardiaques au volant sont le deuxième sujet de discussion après la météo. Notre pays détient le triste privilège d’être un des plus embouteillé du monde, surtout autour des grandes villes. Dans le même temps, le très sombre nuage du réchauffement climatique et des particules fines plane au-dessus de tous ces bouchons. En outre, vu le coût important d’un plein d’essence, les citoyens qui effectuent de nombreux déplacements professionnels ou sur de longues distances voient une part significative de leur salaire disparaître à la pompe. Mais alors, quelle mouche a donc piqué Unizo, qui ose proposer de retirer de l’index les prix des carburants? Ils appellent cela «un index de durabilité», sans doute parce que cela coûterait cher aux travailleurs. Ou à cause du bus ou du train qui, une fois de plus, est arrivé très en retard, s’il n’a pas tout simplement été supprimé.

La concertation sociale est, elle aussi, impactée par tous ces problèmes. Quoi de plus logique, puisque bon nombre de travailleurs doivent se rendre au boulot en voiture? Nous avons depuis longtemps oublié les routes clairsemées durant la pandémie. La percée massive du télétravail semble connaître un ressac. Ce n’est donc pas un hasard si les interlocuteurs sociaux ont, ces dernières années, conclu des accords sur le budget mobilité et une indemnité vélo pour tous.

Ces accords constituent un début, mais le chemin reste encore très long. Au regard du prix d’une voiture électrique, qui pourra s’en acheter? Dans les années 1960, la voiture a été un phénomène de masse. Dans les années à venir, elle pourrait redevenir un produit de luxe réservé aux élites. Il ne me semble donc pas inutile d’oser réfléchir en détail à des alternatives.

Les transports en commun pourraient être une de ces alternatives. Je dis bien «pourraient être». Car là aussi, il reste bon nombre de problèmes à résoudre. Le gouvernement fédéral actuel a enfin réinvesti dans la SNCB, après que les gouvernements successifs aient négligé cette société pendant des années. Mais tous les navetteurs vous diront qu’il faudra encore des efforts considérables. La situation des bus est encore pire. En Flandre, De Lijn était considérée, il y a des années, comme un modèle d’«entreprise publique». Aujourd’hui, il n’en reste presque plus rien. Malgré tous les beaux discours sur «l’accessibilité de base», la réalité est tout autre: moins de bus et des enfants qui effectuent de longs trajets en bus pour se rendre à l’école. Quand je me souviens de mon père, qui était chauffeur de bus, mon cœur saigne.

Nous avons donc besoin que les différents gouvernements et les interlocuteurs sociaux de ce pays conduisent une politique de mobilité ambitieuse et durable. Les problèmes de mobilité créent de plus en plus de dégâts sociaux, économiques, environnementaux et sanitaires. Qui n’avance pas recule.

Articles liés publiés précédemment