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SANS FRONTIÈRES /

Palestine: un enjeu syndical pour la CSC

TEXTE Yves Hellendorf / PHOTO Donatienne Coppieters / 18 juin 2025 / temps de lecture 4 minutes

Ce 20 mai se tenait à Bruxelles une assemblée des militants CSC-ACV sur le thème: «Plus que jamais, la CSC en solidarité active avec la Palestine!». Une bonne centaine de militants et de permanents ont pu ainsi mieux comprendre le contexte de ce qui se passe à Gaza, mais aussi trouver des réponses à cette question si simple et pourtant essentielle: «Mais que veux-tu qu’on y fasse?».

Quelques jours plus tôt, la CSC était bien coorganisatrice d’une manifestation en défense de la Palestine rassemblant des dizaines de milliers de participants. Et la CSC avait largement communiqué en faveur de cette mobilisation. «Vous feriez mieux de vous occuper de vos membres que de la Palestine», «C’est pas le rôle du syndicat», «Je quitte le syndicat, je préfère encore aller à la Capac», «Est-ce que la CSC soutient le terrorisme?», «Le syndicat n’a pas à prendre parti dans un conflit»… furent quelques-unes des réactions à l’événement Facebook diffusé par la CSC. Même si de bien plus nombreuses réactions soutenaient la démarche de la CSC, ces propos illustrent la difficulté pour notre syndicat, comme pour les autres d’ailleurs, de communiquer sur les raisons d’un tel soutien.

Sortir de l’impuissance

Si la décision de la coordination Palestine de la CSC-ACV d’organiser une assemblée était bien antérieure, de telles réactions ont été très utiles pour outiller les participants dans leur capacité d’agir. Ils étaient pour la plupart arrivés avec ce sentiment tellement fort d’horreur et de révolte, mais noyés dans l’impuissance. Et le début de la journée allait en remettre une couche: le film «No other land» nous a fait vivre les années d’occupation d’un village de Cisjordanie, pétrissant deux générations de jeunes Palestiniens d’une injustice rendue légale par la loi du plus fort, de la rancœur de l’impuissance et de l’indifférence, du combat inégal pour garder sa terre et sa dignité. Des images fortes, une réalité qui vous prend aux tripes… Dans le panel qui a suivi, à côté de la mise en perspective historique par Eléonore Bronstein, juive progressive, anthropologue, secrétaire du Moc Bruxelles, et du retour d’un congrès syndical palestinien rapporté par Youssef Chihab (CNE), le témoignage du Dr Ahmed Almoghrabi a fini de convaincre de l’horreur de ce qui se passe à Gaza. Il a réussi à fuir, avec sa famille, l’hôpital où il travaillait depuis des années, au moment où l’armée israélienne investissait le bâtiment et arrêtait les membres du personnel soignant, sous le prétexte qu’ils avaient protégé les militants du Hamas.

Défendre des valeurs humanistes

Alors, est-ce le rôle des syndicats, de la CSC de défendre la cause palestinienne? Les syndicalistes que nous sommes militent non seulement pour la justice sociale dans nos sociétés, contre la loi du plus fort au niveau économique, pour le respect de toutes et tous, surtout des minorités, bien sûr. Mais nous défendons aussi les valeurs humanistes qui protègent nos sociétés de la barbarie. Et à Gaza, toutes les limites ont été franchies par Israël. Non contente d’occuper illégalement les territoires palestiniens, la volonté exprimée par le gouvernement est maintenant assumée: libérer Gaza de toute présence de la population palestinienne. Et tous les moyens sont bons: destruction systématique de tous les bâtiments, y compris les hôpitaux, famine, bombardement des écoles, des camps de réfugiés, aide humanitaire comme arme de déportation, exécution de personnel de santé et humanitaire… La propagande internationale des pro-Israël accusant toute action propalestinienne d’antisémitisme ou de soutien aux terroristes du Hamas ne fonctionne plus. Plus rien ne justifie les crimes de guerre répétés et assumé, le génocide en train de se perpétrer sous nos yeux. Et l’inaction n’est pas neutre. Elle est complice. Nos réflexes syndicaux nous disent qu’on ne peut rester inactifs devant une telle barbarie.

Notre pouvoir d’agir

Et c’est ce à quoi s’est attachée la deuxième partie de l’assemblée du 20 mai. Que ce soit en tant que citoyen, consommateur, travailleur, délégué ou militant syndical, nous pouvons agir. Bien sûr en participant aux nombreuses manifestations organisées par diverses plateformes. Bien sûr en osant dénoncer ce génocide, au travail et auprès de ses proches. Mais aussi en boycottant les produits israéliens.

Pour les militants de certains secteurs ou entreprises, il s’agira aussi d’interpeller leur direction pour mettre fin aux liens plus ou moins explicites avec les intérêts israéliens. C’est le cas notamment de certaines banques (BNP…), de compagnies d’assurance (Axa…), de Carrefour, Coca Cola…, mais aussi de conventions de recherches de certaines universités.

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La CSC est l’une des plus de 80 organisations qui ont appelé à tracer une ligne rouge pour Gaza le 15 juin à Bruxelles.

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Nous avons aussi compris pourquoi il était fondamental que, sans délai, notre pays reconnaisse l’État palestinien et plaide au niveau européen pour l’interdiction absolue de vente d’armes à Israël et pour la fin de l’accord de coopération Europe-Israël, qui fait d’Israël un partenaire commercial privilégié.

Les plateformes et organisations telles que le CNCD-11.11.11, DBIO, Made in illegality, ABP, BDS… (voir encadré) sont venues expliciter les actions possibles, à la portée de chacun de nous.

Les participants sont non seulement repartis déterminés à agir, mais ont aussi exigé de la CSC qu’elle lance une large campagne dès la rentrée prochaine. En espérant que d’ici-là, la communauté internationale ait enfin mis suffisamment de pression sur le gouvernement israélien pour mettre fin à ce génocide.

Soutien à la population de Gaza, mode d’emploi


Les plateformes:

• Association Belgo-Palestinienne (ABP): www.association-belgo-palestinienne.be

• CNCD-11.11.11: www.cncd.be

• 11.11.11: https://11.be/fr

Les actions spécifiques:

• Made in illegality: www.madeinillegality.org/-fr-: boycott des produits venant des territoires occupés.

• Don’t Buy Into Occupation (DBIO): https://dontbuyintooccupation.org: coalition internationale visant à mettre en lumière les liens entre les institutions financières européennes et la colonisation israélienne des territoires occupés.

• DBS: www.bdsmovement.net plaide pour un boycott large des produits israéliens et des firmes qui soutiennent Israël.

Plus d’infos et d’analyses:

Lisez le Cahier du Ciep 34: «La Palestine, une boussole pour le mouvement social». Lisez notamment l’article «Pourquoi notre syndicalisme se mobilise-t-il pour une paix juste en Palestine?» par Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE. www.ciep.be/images/cahierCIEP/Cahier_34_palestine_Web.pdf

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Yves Hellendorff

De formation infirmière, délégué syndical dès le début de sa carrière, Yves a été engagé comme permanent à la CNE en 1992. Il devient secrétaire national du secteur non marchand en 2002. Il a pris sa pension en octobre 2023. Depuis, toujours très actif à l’international, Yves a continué à se battre contre la commercialisation de la santé au niveau européen. Scandalisé par ce qui se passe à Gaza et convaincu qu’un mouvement comme la CSC doit jouer un rôle important dans ce dossier, il a récemment aidé à mettre en place une coordination Palestine au sein de la CSC-ACV. C’est dans ce cadre qu’il a participé à l’organisation d’une assemblée de militants CSC-ACV le 20 mai dernier.

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