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GRÈVE GÉNÉRALE 31 MARS /

Participez à la grève et faites la différence!

19 MARS 2025 / TEMPS DE LECTURE: 6 MINUTES

«Le syndicat s’oppose aux réformes, alors qu’elles sont nécessaires.»

Les réformes sont en effet plus que jamais nécessaires et, en tant que syndicat, nous y sommes pleinement favorables. Cependant, elles doivent garantir aux jeunes travailleurs qui commencent leur carrière une sécurité sociale financée durablement. La meilleure façon d’y arriver est d’assurer un emploi de qualité et soutenable, compatible avec les soins aux proches, le développement personnel et les loisirs, tout en garantissant un salaire brut stable et une cotisation patronale adéquate pour la sécurité sociale.
En tant que syndicat, nous avons toujours soutenu et facilité le changement en négociant des solutions collectives et en les stabilisant au travers des conventions collectives de travail (CCT). Or, la plupart des prétendues réformes du gouvernement Arizona ne constituent pas des progrès et détruisent ce qui est dans l’intérêt collectif. La principale réforme dont ce pays a besoin est une réforme fiscale qui permette aux plus aisés de contribuer équitablement à la société. C’est ce que la CSC revendique depuis des années. Mais ce type de réformes n’intéresse visiblement pas nos dirigeants politiques, bien au contraire. Manifestement, une réforme n’est pas l’autre...

«Faire grève n’a pas de sens!»

Les grèves ont permis d’améliorer considérablement notre société au cours des 150 dernières années. Suffrage universel, journée de huit heures, congés payés, sécurité sociale comme instrument de protection collective... Tous ces acquis ont été rendus possibles grâce à des grèves de grande envergure qui ont suscité autant de critiques et de mépris à l’époque qu’aujourd’hui. En tant que syndicat, notre rôle est d’œuvrer à une société plus juste et solidaire pour tous, en renforçant le cadre collectif. La CSC est très proche des citoyens et connaît bien mieux que les responsables politiques ou les faiseurs d’opinion les difficultés quotidiennes des travailleurs. Nous continuerons à dénoncer ces problèmes. Il ne faut pas s’attendre à des applaudissements nourris dans la sphère politique et chez ceux qui façonnent l’opinion publique, souvent issus de la droite.
Nous ne le faisons pas dans cette optique, nous le faisons pour défendre les citoyens ordinaires.

«Ce sont toujours les simples citoyens qui sont les victimes d’une grève.»

Il y a fort à parier que les faiseurs d’opinion brandiront cet argument le 31 mars. Il s’agit pourtant d’une vision à très court terme. Les mesures du gouvernement Arizona auront des répercussions profondes sur notre société dans les prochaines décennies. À l’avenir, les jeunes devront travailler plus dur, de manière plus flexible, tout en subissant un gel salarial et une diminution de leur pension. Ces conséquences sont bien plus lourdes que les désagréments potentiels d’une journée de grève. En réalité, ceux qui dénoncent ces perturbations aujourd’hui refusent de voir les conséquences désastreuses à plus long terme des politiques du gouvernement.

«Les entreprises n’ont rien à voir avec cette grève, mais elles en seront affectées.»
Autre classique du genre. La réalité, c’est que les organisations patronales ont exercé un lobbying intense lors de la formation du gouvernement et elles ont obtenu gain de cause. Plus de flexibilité, allongement de la carrière, gel des salaires, suppression progressive du RCC et des emplois de fin de carrière, promesse d’une «réforme» de l’index, allègement des cotisations patronales à hauteur d’1,5 milliard d’euros... Difficile dès lors de prétendre qu’elles n’ont joué aucun rôle dans ces décisions.


«Allons-nous monter les escaliers avec une tribune?»

Rose Monata Ndundu (56 ans) travaille depuis plus de 18 ans dans les titres-services. Dans ce secteur, il n’existe pas d’aménagements de fin de carrière. «Notre travail n’est pas valorisé alors qu’il est extrêmement pénible. Nous devons travailler de plus en plus vite, transporter dans les escaliers des aspirateurs parfois extrêmement lourds… De nombreuses aide-ménagères ont des problèmes de santé, comme des troubles musculosquelettiques, causés par leur travail. Comment va-t-on monter les escaliers si nous devons travailler jusqu’à 67 ans? Avec une tribune? Et nos pensions? Les titres-services ont les salaires les plus bas du secteur du nettoyage. Même en travaillant à temps plein, nos pensions ne seront pas viables. On a une commission paritaire qui est en pauvre en tout.»

«Le syndicat ne défend que les droits acquis des générations antérieures et déplace ainsi les problèmes vers les jeunes travailleurs.»

Bien au contraire: la CSC cherche des solutions qui garantissent aussi des emplois de qualité pour l’avenir et permettent aux générations futures de se constituer des droits solides en matière de sécurité sociale. Nous refusons d’être le syndicat du statu quo et des droits acquis. C’est pourquoi nous ne nous contentons pas de mesures transitoires, mais nous privilégions une approche résolument tournée vers les générations futures. Nous sommes ouverts à des réformes, mais pas dans un scénario de démantèlement social. Nous privilégions un scénario qui offre aux travailleurs la perspective d’un bon revenu brut, d’un travail soutenable dans lequel ils ont voix au chapitre sur leur temps de travail, et dans lequel la durabilité et la cohésion sont primordiales. Un modèle de marché du travail et de société où la richesse matérielle que nous créons ensemble est partagée collectivement entre tous les travailleurs, avec un système fiscal équitable dans lequel les épaules les plus larges contribuent en fonction de leurs capacités.

«Les pensions sont devenues impayables: il faut agir!»

La capacité à financer les pensions est une question de choix (politiques). Supposons que l’on refuse de prévoir un financement adéquat et que l’on opte pour une solution consistant à allonger la carrière.
Il faut alors d’abord s’assurer qu’il est possible de travailler plus longtemps. Le gouvernement Arizona ne prend aucun engagement sur ce point. Le syndicat a formulé de nombreuses propositions susceptibles de rendre les carrières plus soutenables (réduction générale progressive de la durée du travail, larges possibilités de crédit-temps avec remplacement sur le lieu de travail, utilisation des avancées technologiques pour alléger la charge de travail plutôt qu’augmenter les profits). Si ces questions ne sont pas abordées en priorité, les coûts sont simplement transférés à l’assurance maladie car un plus grand nombre de travailleurs tomberont malades. Dans ce cas, nos droits à la pension sont progressivement démantelés, mais le problème du financement de la sécurité sociale est plus important que jamais.

Quant au prétendu problème de financement, il s’agit en réalité d’un choix de priorités budgétaires. Le gouvernement Michel a accordé des réductions de charges supplémentaires aux entreprises pour un montant de 7 milliards d’euros. Dans l’accord de gouvernement actuel, il a également été décidé à la dernière minute d’accorder 1,5 milliard d’euros de réductions de charges supplémentaires. Ces dépenses vont creuser un tel déficit dans notre système de sécurité sociale qu’elles vont gravement éroder la protection sociale et les pensions. Elles exercent également une pression supplémentaire sur les moyens dédiés aux soins et au bien-être. Le groupe de réflexion Minerva a calculé que les entreprises contribuaient autrefois à hauteur de 34% à la sécurité sociale, alors qu’aujourd’hui, cette contribution n’est plus que de 22% en moyenne.


Le travail de nuit doit garder des avantages

Saïd Abarkan travaille depuis près de 30 ans de 22h30 à 6h30 du matin dans le hub logistique de DHL à Zaventem. «Pour moi, cela fait une différence de 300 euros par mois, ce qui est très apprécié. Mais après toutes ces années, le travail de nuit a un coût physique. Je dors mal, je me sens souvent fatigué. Beaucoup de collègues ne tiennent pas longtemps avec le travail de nuit. Je ne pense pas que la direction de l’entreprise mettra fin à notre régime. Sinon, elle risque de perdre beaucoup de gens.»

«Les syndicats font de la politique et ce n’est pas leur rôle.»

La CSC n’est pas impliquée dans la politique des partis, mais il est évident qu’elle est en contact avec le monde politique. C’est inévitable car la politique a un impact considérable sur la vie des travailleurs. Il suffit de penser à la formation des salaires, aux diverses formes de flexibilité, aux pensions... Il est d’ailleurs frappant de constater qu’une fois élus et au pouvoir, les responsables politiques prennent des décisions qu’ils n’avaient pas évoquées avant les élections. Or, la démocratie ne se résume pas à être autorisé à noircir une case une fois tous les cinq ans, après quoi les responsables politiques ont les coudées franches. La démocratie doit laisser de la place pour une participation permanente, y compris de la part des citoyens ordinaires. La promotion et la défense des intérêts des travailleurs, au travers de discussions et de concertations avec les responsables politiques, constituent une partie importante et constante de notre travail. En exerçant des pressions sur les partis et les responsables politiques, les syndicats cherchent à obtenir des avancées positives en matière de droits du travail, de salaires, de conditions de travail et d’enjeux sociétaux.

«Les syndicats aiment faire grève. C’est la première chose à laquelle ils pensent.»

«La concertation sociale quand c’est possible, l’action syndicale quand c’est nécessaire», telle est la devise de la CSC. Le gouvernement Arizona évoque souvent la concertation sociale dans son accord. Toutefois, elle doit se faire entre interlocuteurs de discussion égaux. Et c’est là que le bât blesse. Les organisations patronales sont très favorables au gouvernement Arizona et nous savons tous pourquoi: elles bénéficient largement de la politique de ce gouvernement. Alors, pourquoi devraient-elles organiser des concertations sociales sérieuses avec les syndicats? Elles obtiendront ce qu’elles veulent avec le gouvernement. D’ailleurs, ce gouvernement déclare que si les interlocuteurs sociaux ne parviennent pas à un accord, il tranchera lui-même. Par exemple, sur une réforme de l’index. Nous savons tous ce que cela implique avec la N-VA et le MR. C’est pourquoi nous devons faire comprendre que les travailleurs méritent également le respect.
Si le gouvernement et les organisations patronales réalisent qu’ils ne peuvent pas simplement écraser les travailleurs, nous serons beaucoup plus forts dans les négociations pour adapter les projets du gouvernement. C’est la raison pour laquelle nous devons montrer, le 31 mars, que le gouvernement et les employeurs doivent tenir compte des travailleurs, car ce sont eux qui font tourner ce pays au quotidien.


Ouvrir les magasins le dimanche? Au profit de qui?

Annie Izzo est déléguée CSC dans le magasin Lidl de Chapelle-lez-Herlemont. «Actuellement, Lidl n’ouvre pas ses magasins le dimanche. Nous avions négocié que les travailleurs soient soit payés triple ces jours-là, soit qu’ils récupèrent deux jours. Si les magasins peuvent ouvrir tous les dimanches, il n’y a plus rien à négocier. Les heures de travail risquent d’être étalées pour le personnel actuel, alors que la surcharge est déjà problématique dans les magasins. Pour compenser, ils vont engager des étudiants, c’est-à-dire de la main d’œuvre bon marché pour l’entreprise.»

/Si des intérimaires, des étudiants jobistes, des flexi-jobbers, des freelances ou des travailleurs liés par d’autres contrats temporaires sont occupés dans votre entreprise, que faire en cas de grève?

Travailleurs intérimaires

L’article 19 de la CCT n° 108 est très clair: «Une entreprise de travail intérimaire ne peut mettre ou maintenir des intérimaires au travail chez un utilisateur en cas de grève ou de lock-out.» Cette interdiction s’applique également aux étudiants jobistes et aux flexijobbers occupés sous contrat intérimaire.

L’interdiction de recourir à des travailleurs intérimaires pendant une grève dans une entreprise a pour but d’éviter que le travail des grévistes ne soit assumé par des travailleurs intérimaires, ce qui compromettrait la grève. Sachez que l’Onem ne garantit pas aux travailleurs intérimaires une allocation de chômage comme revenu de remplacement pour le jour de grève. Il est donc essentiel de bien informer les intérimaires sur les motifs de la grève générale. Faites-leur également valoir les avantages d’une affiliation à la CSC (conseils personnalisés, suivi du dossier de chômage, intervention en cas de problèmes, etc.) Les travailleurs intérimaires qui sont affiliés à la CSC ont droit à une indemnité de grève à partir de 6 mois d’affiliation.

Vous avez besoin d’un conseil urgent? Des accords ont-ils été conclus et non respectés? Contactez votre permanent ou envoyez-nous un courriel à l’adresse suivante: interimunited@acv-csc.be.

Flexi-jobbers, étudiants jobistes, freelances, sous-traitants et autres contrats temporaires

Votre entreprise emploie peut-être d’autres travailleurs sans un contrat fixe ou intérimaire, tels que des étudiants jobistes, des flexi-jobbers ou des freelances.
Bien qu’il n’existe pas de législation spécifique ou d’accords généraux à ce sujet, le recours à ces travailleurs ne doit pas viser à saborder la grève. Il faut conclure des accords clairs avec votre permanent et la direction à ce sujet et veiller à informer ces travailleurs des motifs de la grève générale et des avantages d’une affiliation au syndicat. Si vous constatez des abus, il est important de les documenter correctement. Les obligations internationales de la Belgique contraignent notre pays à (faire) respecter les conventions internationales relatives à la liberté syndicale.
Ces conventions stipulent, entre autres, que les travailleurs en grève ne peuvent être remplacés par des contrats temporaires.

Vous avez besoin d’un conseil urgent? Des accords ont-ils été conclus et non respectés? Contactez votre permanent ou envoyez-nous un courriel aux adresses suivantes: unitedfreelancers@acv-csc.be (pour les questions concernant les freelances ou les flexi-jobbers) ou info@jeunes-csc.be (pour les questions concernant les étudiants jobistes).


Les personnes en chômage économique pénalisées

Qui dit que les jeunes ne s’inquiètent pas pour leur pension? Jorge Oorlynck 34 ans, technicien de maintenance chez CNH, s’interroge: «Nous fabriquons ici des machines agricoles, des moissonneuses-batteuses… Actuellement, les ventes sont faibles. En conséquence, il y a beaucoup de chômage économique. Dans la production de moissonneuses-batteuses, nous avons connu jusqu’à 70 jours de chômage l’an dernier. Les collègues des ensileuses en ont compté plus de 100. Qu’arrivera-t-il si nous n’atteignons plus le nombre de jours de travail requis, alors que nous n’avons aucun contrôle sur la situation?»

/Qu’en est-il du chômage temporaire dans votre entreprise en cas de grève?

Un travailleur peut se retrouver au chômage de différentes manières à la suite d’une action sociale (en cas de piquet de grève, si l’entreprise est restée fermée, s’il n’y avait pas d’activité dans l’entreprise en grève de sorte qu’il n’y avait aucune tâche à accomplir par les travailleurs de l’entreprise ou des travailleurs externes...).

Le contrat de travail des grévistes est suspendu. Ils n’ont pas droit au chômage temporaire. Les travailleurs non-grévistes qui se retrouvent au chômage en raison d’une action sociale ne peuvent bénéficier du chômage temporaire que s’ils ne font pas partie d’une entreprise où des grévistes sont présents et s’ils n’ont aucun intérêt à ce que les revendications des grévistes soient satisfaites. Dans le cadre des actions du 31 mars, il sera difficile de remplir cette deuxième condition puisque les actions visent les mesures du gouvernement Arizona qui affecteront l’ensemble des travailleurs, ce qui signifie que tous les travailleurs ont un intérêt à voir les revendications satisfaites.

Le comité de gestion de l’Onem décide du droit au chômage temporaire en cas d’action sociale.

www.lacsc.be/arizona

L’impact des mesures par profil

Découvrez quel est l’impact des mesures du gouvernement Arizona pour différents profils: les travailleurs, les femmes, les demandeurs d’emploi, les malades (de longue durée), les fonctionnaires et les jeunes: www.lacsc.be/arizona

La grève, mode d’emploi

Si vous vous demandez comment participer à la grève, si vous avez droit à l’indemnité de grève de 40 euros et comment la demander, consultez la FAQ «La grève, mode d’emploi»: lacsc.be/greve-mode-demploi

Matériel d’action

• Pour sensibiliser un large public aux plans du gouvernement Arizona, nous avons publié un deuxième numéro de la Gazette Arizona. Si vous ne disposez pas encore de vos exemplaires, demandez-les à votre permanent syndical et distribuez-les dans votre entreprise.

• Il existe aussi des affiches et des tracts thématiques que vous pouvez utiliser dans votre communication avec vos collègues.

Retrouvez tout le matériel sur www.lacsc.be/arizona

Regardez la vidéo: «Pourquoi et comment faire grève le 31 mars». 

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