TRANSITION JUSTE /
Secteur automobile: la transition est en marche
TEXTE Danièle Ernotte | PHOTO Shutterstock | TEMPS DE LECTURE: 2,6 MINUTES | 15 FÉVRIER 2023
/Secteur automobile
Il faut anticiper! Pour les syndicats du secteur automobile, il faut préparer dès aujourd’hui les nouvelles compétences et accompagner les travailleurs de la filière automobile, en pleine mutation bas carbone...
Vendre des véhicules thermiques ne sera plus autorisé en Europe à partir de 2035. L’Union européenne vient d’adopter définitivement cette mesure afin de contribuer à atteindre les objectifs climatiques du continent, en particulier la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Faire basculer tout le parc automobile vers le 100% électrique en un peu plus d’une décennie représente un fameux défi, avec des conséquences sur l’emploi. Le Shift Project, un centre d’expertise français qui évalue les transformations requises par la décarbonation de l’économie, chiffre à 43% les pertes d’emploi dans la partie aval du secteur (commerce, location, contrôle technique, réparation...) d’ici à 2050. Si le développement des véhicules électriques créera de nouveaux emplois, dans la production des batteries et des infrastructures de recharge par exemple, ceux-ci ne compenseront pas en nombre les emplois perdus dans la filière auto traditionnelle.
Comment cela se vit-il sur le terrain? Nous avons posé la question à Corinne Martin, permanente CNE en charge du secteur des garages et du commerce automobile pour les employés et cadres francophones.
Restructurations et licenciements
«Nous assistons en effet dans ce secteur à des restructurations et des licenciements collectifs qui s’enchaînent pour des raisons assez évidentes. Outre le basculement vers les véhicules électriques, beaucoup de gens ont aussi changé leur manière de se déplacer: plus de télétravail, le retour en force (surtout à Bruxelles) du vélo comme moyen de transport, sans parler des prix des carburants et des politiques publiques qui dissuadent l’usage de la voiture.
Tout cela impacte les constructeurs et les vendeurs automobiles, mais aussi les sociétés de services liées à la voiture, comme les parkings, les entreprises de dépannage ou encore les magasins d’accessoires automobile.
À la CNE, on veut essayer d’anticiper au maximum les conséquences de tous ces changements, sans attendre qu’elles nous tombent dessus. C’est un sujet que nous discutons beaucoup avec nos délégués. Nous avons aussi réalisé avec ACV Puls une enquête auprès des employés qui montre qu’ils sont majoritairement prêts à envisager des reconversions professionnelles avant licenciement, à condition qu’il s’agisse de métiers intéressants avec des conditions salariales similaires. Tout l’enjeu maintenant, c’est d’aller, avec les autres organisations syndicales, interpeller les directions et mettre en place des stratégies et des plans de formation qui aient du sens».
Dans les garages automobiles, la commercialisation des véhicules évolue aussi à cause de la digitalisation. La vente en ligne est encouragée, au détriment de la vente en showroom. À terme, des pertes d’emploi sont inévitables pour des fonctions comme celle de commercial, mais d’autres fonctions vont probablement émerger, plus axées vers la communication digitale ou le conseil à distance.
Une opportunité de reconversions
Pour que personne ne reste au bord de la route, de nombreux dispositifs de formation et d’habilitation devront donc être suivis par les travailleurs de toute la filière automobile. Des reconversions professionnelles seront possibles dans diverses activités nouvelles. On pense bien sûr à tout ce qui est installation et maintenance des bornes de recharge, ou encore au développement de services de voitures partagées. Il y a aussi le Refit, cette activité qui consiste à démonter la mécanique d’origine des voitures thermiques, pour y substituer un moteur électrique et des batteries. Les filières de recyclage des batteries sont aussi un pan d’activités appelées à générer de nouveaux emplois. Sans oublier tout ce qui est lié à la digitalisation, à commencer par le développement d’applications dédiées pour ceux qui roulent à l’électrique…
«À nous de construire des argumentaires percutants, des stratégies collectives et un rapport de force pour que les changements annoncés ne soient pas synonymes de pertes d’emploi, mais bien l’opportunité de reconversions et de nouvelles trajectoires professionnelles», conclut Corinne Martin. Si le changement de notre mobilité est indispensable pour espérer limiter nos émissions de C02, cette transition ne doit pas être synonyme de pertes d’emplois.
/Travaillez-vous dans une entreprise qui recourt au travail intérimaire?
Petit rappel utile: quelques principes de base et points d’actualité.
• À travail égal, salaire égal! Un travailleur intérimaire a droit au même salaire et avantages que le travailleur fixe «comparable» qui occupe la même fonction. Or, dans la pratique, c’est rarement le cas. Attention: les travailleurs intérimaires ne peuvent être exclus des avantages accordés aux travailleurs fixes, ni par voie de CCT, ni individuellement. Il en va de même, par exemple, pour la CCT n°90.
• L’entreprise utilisatrice est responsable du bien-être, de la santé et de la sécurité du travailleur intérimaire qu’elle occupe. Il en va de même pour la mise à disposition des équipements de protection individuels (les «EPI») et des vêtements de travail: l’entreprise utilisatrice doit fournir ce matériel gratuitement aux intérimaires. Elle peut toutefois déléguer cette obligation à l’agence d’intérim tout en demeurant seule responsable.
• Le recours aux contrats journaliers successifs (CJS) est strictement réglementé. À partir du 1er janvier 2023, une cotisation sociale supplémentaire à charge de l’entreprise utilisatrice sera due à partir de 40 CJS/semestre/intérimaire. Les informations relatives aux CJS et leur justification chiffrée doivent vous être fournies en CE (ou, à défaut, en DS), mais vous devez en faire la demande expresse! Cette demande peut se faire à tout moment (cf. CCT 108/3).
• Depuis le 1er septembre 2022, le délai d’introduction d’un certificat médical ne peut être inférieur à 2 jours ouvrables.
• Les nouvelles règles concernant la non-obligation de délivrer un certificat médical pour le 1er jour de maladie s’appliquent également aux intérimaires (3 x par an). Ils suivent les règles de l’entreprise de travail intérimaire, qui est leur employeur juridique. Un travailleur intérimaire occupé par le biais de plusieurs entreprises d’intérim a auprès de chaque entreprise d’intérim le droit de ne pas remettre de certificat médical trois fois par an. Attention, si l’intérimaire craint d’être malade plus d’un jour, nous lui conseillons de veiller à remettre un certificat à temps.
Consultez les publications et les outils pour défendre les intérimaires, dont la checklist Intérim (à destination des militants) et le Guide SOS Intérim (à destination des militants et des intérimaires) sur www.lacsc.be/brochures-interim