close

Une question ou une remarque? Faites-le nous savoir!

Syndicaliste // Confédération des syndicats chrétiens (CSC) // Secrétariat de rédaction // Donatienne Coppieters // syndicaliste@acv-csc.be // Besoin de plus d'informations? Visitez www.cscmilitants.be

Retour au numéro actuel

ZOOM /

Travailler à mi-temps, mais sans protection sociale? C’est désormais possible.

Ann Vermorgen, présidente de la CSC / 19 mars 2025 / temps de lecture: 3 minutes

De plus en plus d’élèves et d’étudiants travaillent, de plus en plus longtemps, et y compris pendant l’année. Bien qu’ils soient souvent considérés comme des travailleurs à part entière, ils travaillent avec un contrat d’étudiant. En conséquence, ils sont privés de primes, de salaire minimum et de droits sociaux. Un contrat de travail normal constitue la solution par excellence et permettrait même de combler une partie importante du déficit budgétaire. Et pourtant, la Chambre vient d’adopter un nouvel élargissement du travail étudiant. Curieux, non?

Seul un étudiant jobiste sur dix ne travaille que pendant l’été. La plupart d’entre eux travaillent également pendant les périodes de cours et d’examens. Ces dix dernières années, le nombre total d’heures de travail étudiant est passé de 41 millions à 136 millions en 2023, soit plus du triple. Ce chiffre correspond à 70.000 équivalents temps plein! Actuellement, les étudiants sont souvent considérés et employés comme des travailleurs à part entière. Dans le même temps, les demandeurs d’emploi - en particulier les moins qualifiés - se voient supplantés par des étudiants qui coûtent moins cher aux employeurs. Malgré les nombreux assouplissements, le travail au noir reste très répandu. Actuellement, selon Randstad, près de quatre étudiants de moins de dix-huit ans sur dix travaillent sans contrat. Les chiffres réels du travail étudiant sont donc encore plus élevés que les chiffres officiels.

La forte augmentation du travail étudiant s’explique par le type de contrat et la flexibilisation des règles. Jusqu’en 2005, les étudiants étaient autorisés à travailler un maximum de 23 jours par an. Réforme après réforme, ce plafond a été relevé. Le maximum actuel correspond aux 650 heures prévues par l’Arizona. Cette mesure a été applaudie par des responsables politiques de tous bords, de la N-VA à Vooruit. Très curieux quand même.

Supposons qu’un étudiant ne travaille pas pendant quatre mois par an, parce qu’il est en blocus, en période d’examen ou (pourquoi pas?) parce qu’il souhaite prendre des vacances. Dans ce cas, les 650 heures qu’il preste au cours des mois restants correspondent pratiquement à un mi-temps. Pourtant, cet étudiant ne se constitue aucun droit. Un des arguments souvent brandis pour défendre cette mesure est le fait que certains étudiants travaillent pour payer leurs études. Mais que se passe-t-il lorsqu’ils tombent malades? Ou perdent leur travail? Ils ne bénéficient d’aucune protection de revenu. Le travail étudiant n’est pas non plus comptabilisé pour la pension. Pour l’ensemble de leur parcours d’études, les étudiants perdent jusqu’à deux années de carrière pour la constitution de droits sociaux. Or, les années de carrière comptent plus que jamais pour ce gouvernement si l’on veut accéder à la pension ou à un régime de fin de carrière. Le contrat étudiant prive en outre les étudiants de droits et de primes tels que le pécule de vacances et le bonus à l’emploi. Pourtant, les étudiants font souvent le même travail que les travailleurs fixes et se voient souvent attribuer de plus en plus de responsabilités. Ils sont considérés comme des travailleurs à part entière, mais pas en termes de droits et de protection.

D’autres arguments plaident également pour que les jeunes bénéficient d’un contrat de travail normal. Un tel contrat est plus avantageux pour les jeunes eux-mêmes: ils touchent un salaire net plus élevé grâce au bonus à l’emploi et au pécule de vacances auxquels ils ont alors droit. Il permet en outre de combler une partie du déficit budgétaire. Ce scénario représenterait des recettes supplémentaires pour la sécurité sociale à hauteur de 520 millions d’euros bruts par an (en se basant sur la masse salariale du travail étudiant en 2022). Sur une période de sept ans, il s’agirait de 3,6 milliards d’euros. C’est déjà un beau montant dans le cadre de l’effort de 23 milliards d’euros que l’Arizona entend réaliser.

Actuellement, les entreprises paient une cotisation de sécurité sociale d’à peine 5% pour des jobistes hyperflexibles et souvent peu exigeants, au lieu de la cotisation régulière de 25%. Une bonne affaire! Si le travail étudiant était soumis à des cotisations de sécurité sociale correctes, il y aurait de nombreux gagnants. Les jobistes se constitueraient des droits sociaux et toucheraient un salaire net plus élevé. Les employeurs continueraient à bénéficier d’une main-d’œuvre flexible. Et cette mesure aurait également un impact positif sur le financement de la sécurité sociale.

Articles liés publiés précédemment