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/Ulrike Linsen, agent de police:

TEXTE Bram Van Vaerenbergh | PHOTO Maarten De Bouw | TEMPS DE LECTURE: 4 MINUTES | SYNDICALISTE 21 JUIN 2023

«Toujours plus de stress et de burn-out à la police», «Les agents de police succombent à une charge de travail trop élevée»: voilà des titres qui font la une des journaux depuis quelques années. À la police, le risque d’être victime d’un burn-out est élevé.

BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL /

«C’est de plus en plus fréquent, explique Ulrike Linsen (25), qui travaille pour la zone de police Rivierenland (Malines, Willebroek, Puurs-Sint-Amands, Bornem). Nous manquons d’effectifs dans chaque zone mais le travail doit être fait. On fonctionne par conséquent avec des effectifs restreints. Parfois, on doit assurer six ou sept shifts d’affiliée. D’après nos statuts, on peut nous y obliger. C’est là que ça devient vraiment dur.»

«Nos statuts - rémunération, régime de fin de carrière, pension … - sont fortement mis à mal par les responsables politiques. Selon moi, les campagnes de recrutement n’ont donc que peu d’utilité. La chance que nous avons, nous les jeunes, c’est que nous avons fait des études et que nous pouvons encore nous tourner vers le privé. Ce que je dis ne joue pas en faveur des pouvoirs publics: chaque année, ils doivent amener 1.600 nouvelles recrues sur les bancs de l’école de police et ils n’y arrivent pas. La police doit travailler dans un contexte sociétal qui subit des mutations profondes: technologie, démographie, changements culturels… Autant d’éléments qui ont un impact sur la nature de la criminalité. On nous en demande donc toujours plus mais qui nous protège, nous?»

Le soutien fait donc cruellement défaut. «Quand on est en burn-out, on est parfois encore moins qu’un numéro. La stress team est d’une grande aide en cas d’incidents graves - comme des fusillades, par exemple - mais c’est loin d’être le cas pour des interventions ‘simples’ qui peuvent également avoir un impact. Chaque zone de police a une personne de confiance ou un conseiller en prévention (externe) chargé des aspects psychosociaux, mais ces personnes travaillent sur rendez-vous alors que les ‘conséquences’, nous les ramenons immédiatement chez nous. Il est difficile d’en parler à la maison, d’une part parce que nous sommes tenus au secret professionnel, et d’autre part parce qu’il est difficile d’expliquer le contexte à des personnes qui ne savent pas comment nous fonctionnons.»


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«On nous en demande toujours plus mais qui nous protège, nous?»

ULRIKE LINSEN

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«Quand on débute sa carrière d’agent de police, on sait à quelles situations on peut être confronté. Mais est-on prêt pour autant à affronter la réalité? Quand vous voyez votre premier mort, vous êtes effrayé mais vous savez que cela fait partie du job. Une courte explication est donnée sur la stress team pendant la formation, mais elle n’intervient qu’en cas d’incidents graves. Il est essentiel que les organisations de police travaillent activement à l’identification des causes du burn-out et qu’elles y remédient. Pour ce faire, il faut entre autres améliorer les conditions de travail, résoudre le problème de surcharge de travail et promouvoir une culture de travail positive. En investissant dans le bien-être du personnel et en ayant une approche sérieuse du burn-out, les organisations de police pourront favoriser le bien-être de leurs travailleurs, améliorer leur efficacité et augmenter la confiance à son égard.»

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/Bonheur ou pression au travail?

Une enquête menée auprès des agents du secteur public révèle des problèmes au travail.

Un agent des services publics sur quatre n’aime pas son travail. Près d’un sur deux déclare ne pas être en mesure de suivre l’évolution de toutes les nouvelles applications numériques au travail. Quand on leur demande ce qu’ils aiment le moins dans leur travail, ils répondent: la dévalorisation des salaires, la surcharge de travail et les cadences trop élevées. Les résultats de l’enquête, menée auprès de 13.000 affiliés de la CSC Services publics et de la CSC Transcom, montrent qu’il y a du pain sur la planche en matière de charge de travail et de bonheur au travail.

La CSC Services publics et la CSC Transcom ont interrogé leurs membres sur le bonheur au travail dans le secteur public. 12.823 personnes ont pris le temps de remplir cette enquête: 6.939 néerlandophones et 5.884 francophones. Les femmes sont un peu plus nombreuses (53%) que les hommes (47%) à y avoir répondu. Dans les résultats, on n’observe guère de différences entre le nord et le sud de notre pays: les personnes interrogées perçoivent donc le travail de manière similaire.

Premier constat éloquent: une personne sur quatre n’aime pas son travail. 

Le «digistress» (incapacité à suivre les dernières évolutions numériques et les programmes) est l’une des principales causes de stress au travail. Une personne sur deux indique qu’elle parvient à se maintenir à jour. En d’autres termes, la moitié des personnes interrogées ne maîtrisent pas ou pas suffisamment les nouvelles applications. Il est donc essentiel de se former en permanence.

Qu’est-ce qui rend le travail moins agréable? 

La rémunération trop faible constitue le principal inconvénient du travail. La surchage de travail, de moins bons contacts avec le(s) supérieur(s) hiérarchique(s) et un rythme de travail trop élevé sont les autres points négatifs. En revanche, le télétravail accroît la satisfaction au travail. Avec la supression du stress lié aux déplacements, l’équilibre entre vies professionnelle et familaile s’améliore. Les répondants déclarent être plus productifs et moins stressés lorsqu’ils peuvent télétravailler. Il est également beaucoup plus facile de combiner vies professionnelles et familiale. Actuellement, seule une personne sur trois pratique le télétravail un ou plusieurs jours par semaine. Plus de 60% déclarent souhaiter télétravailler - plus souvent - mais pour la moitié de ce groupe, le travail à domicile est incompatible avec la fonction qu’ils exercent.

Conclusions de l’enquête: il faut réduire la charge de travail, élargir les possibilités de télétravail et accroître les efforts en matière de formation continue.