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Une réalité pas si lointaine

TEXTE Ann Vermorgen, présidente de la CSC / PHOTO Violaine Martin/OIT / 18 JUIN 2025 / TEMPS DE LECTURE 2 MINUTES

La semaine dernière, j’étais à la conférence de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève. L’OIT est la plus ancienne agence des Nations unies. Les organisations des employeurs et des travailleurs ainsi que les gouvernements essaient, ensemble, de conclure des accords sur le travail décent dans tous ses aspects: l’interdiction du travail forcé ou du travail des enfants, le droit de s’associer en syndicat, le droit à un salaire minimum, les droits du personnel domestique… À l’OIT, on conclut des conventions qui sont applicables partout dans le monde. Les pays qui ne respectent pas les règles sont rappelés à l’ordre. Dans un monde où la loi du plus fort tend de plus en plus à s’imposer, où la concertation et la diplomatie subissent des pressions de plus en plus importantes, l’OIT est une institution unique. Pour les soi-disant «leaders forts», elle est probablement même une curiosité.

Le travail qui est effectué à l’OIT ne recueille pas beaucoup d’attention, surtout dans les médias. Ce manque d’intérêt pourrait s’expliquer par le fait que nous pensons que ces problèmes ne nous concernent pas. «En Belgique, et par extension dans le monde occidental, la lutte sociale fait partie du passé. Tout est bien réglé», pensent certains. Eh bien, ceux qui pensent cela se trompent. Les délégués syndicaux qui sont confrontés à la réalité sur les lieux de travail le savent depuis bien longtemps. Un travail sûr et digne est encore trop souvent un problème.

Le déclin du respect des normes du travail est préoccupant et est de plus en plus perceptible dans notre pays. Ces problèmes ne sont plus si éloignés de notre réalité. En Belgique, les nouveaux gouvernements contournent le droit à la négociation collective entre les interlocuteurs sociaux. L’OIT a d’ailleurs déjà condamné la loi de 2017 qui gèle les salaires. Or, cette loi reste en vigueur. Qu’on se le dise: il y a donc bel et bien une loi qui bloque les augmentations de salaires en Belgique.

Nous assistons également à une érosion des droits relatifs au temps de travail. Le gouvernement envisage d’augmenter le temps de travail et d’instaurer une plus grande flexibilité en supprimant la durée minimale et en instaurant les contrats zéro heure. Les conditions de travail s’en trouveront détériorées, tant pour ceux qui travaillent trop que pour ceux qui ont du mal à trouver un emploi stable. Certaines réformes de la sécurité sociale touchent les jeunes, les femmes et les migrants de manière disproportionnée, affaiblissant ainsi leur accès à des allocations et à la pension. Pour couronner le tout, les syndicats sont de nouveau pris pour cible. La protection des représentants des travailleurs est affaiblie et le droit de manifester est menacé par une nouvelle proposition de loi.

Le jour n’est plus très loin où les accords conclus à l’OIT ne seront plus quelque chose d’abstrait mais se trouveront au cœur de notre réalité. Le progrès social sera ouvertement remis en cause, ce qui ne présage rien de bon. Il ne restera que la polarisation et la radicalisation. C’est ce à quoi on assiste tous les jours dans l’actualité.

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