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« La mise en place d’une enquête de moralité chez les candidats dockers permet de mieux sécuriser le port »

Texte - Lieven Bax // Traduction - A-C M-L // Photo - Shutterstock // HIVER 2023// Temps de lecture - 2 minutes

Des contrôles seront effectués pour s’assurer que le personnel du port n’entretienne aucun contact avec le milieu criminel et à l’avenir, la situation financière des candidats dockers sera également épluchée. Le Conseil national de sécurité a récemment tranché en faveur de cette mesure, portée depuis quelques années déjà par le parti d’opposition N-VA. Björn Anseeuw, un parlementaire de la N-VA, pense que l’introduction d’une enquête de moralité peut aider à endiguer le crime organisé lié à la drogue. Kurt Callaerts, responsable général du secteur maritime-aviation à la CSC-Transcom, voit ce screening comme une propagande politique.

Björn Anseeuw justifie par un certain nombre de raisons la mise en place de l’enquête de moralité chez les candidats dockers. « Premièrement, il y va de la réputation des dockers qui travaillent honnêtement. Ils méritent d’être reconnus comme des travailleurs dignes de confiance et honnêtes, plutôt que d’être considérés comme les garçons de courses des criminels de la drogue. L’enquête de moralité est un moyen de séparer le bon grain de l’ivraie. De plus, une telle investigation permettra d’éviter que quelques brebis galeuses soient à elles seules responsables d’une diminution de chiffre d’affaire et de suppression d’emplois au sein de notre remarquable industrie portuaire. »

Non pas que cette enquête soit une solution miracle, admet Björn Anseeuw. « En effet, la plupart des candidats dockers n’ont jamais été condamnés. Il me semble logique de ne pas contrôler que les candidats tombant sous la loi Major mais également les policiers, douaniers et autres agents de sécurité actifs dans l’enceinte portuaire, le personnel à bord des navires, les responsables de la planification et de la ventilation du personnel de tous les groupes précités ainsi que les responsables de l’ensemble de ces intervenants. »

Stigmatisation

Kurt Callaerts ne se voile pas la face et est bien conscient que de grandes quantités de drogue transitent par nos ports. « Les grands ports en particulier sont confrontés à ce problème. La professeur Charlotte Colman de l’université de Gand, qui mène des recherches sur la politique et les marchés de la drogue, a récemment dévoilé que les organisations criminelles actives dans le trafic de drogue considèrent les ports d’Anvers et de Rotterdam comme un seul port. Les circonstances déterminent où ils livrent leurs cargaisons. »

L’enquête de moralité, présentée comme une solution, ne fait que renforcer la stigmatisation autour des travailleurs portuaires et sape également les énormes efforts mis en œuvre pour attirer les candidats dockers, soupire Kurt Callaerts. « Les candidats dockers doivent déjà présenter un extrait de leur casier judiciaire pour obtenir une autorisation. Cet extrait ne doit évidemment pas contenir une condamnation pour faits de drogue. Une commission mise en place au sein du secteur en assure un suivi strict. Si un docker – en fonction – a affaire à la justice, il est suivi de près par cette même commission. »

L’enquête de moralité ne fait que renforcer la stigmatisation autour des travailleurs portuaires et sape également les énormes efforts mis en œuvre pour attirer les candidats dockers

Coût

Même si l’enquête de moralité fait depuis longtemps partie de la procédure de recrutement du personnel aéroportuaire, cela ne convainc pas Kurt Callaerts. « Malheureusement, cela n’empêche pas la drogue de passer par nos aéroports. Les quantités sont moindres étant donné que les avions n’ont pas les mêmes dimensions que les grands porte-conteneurs. La mise en place d’un système de contrôle similaire dans nos ports est totalement irréaliste vu leur superficie et le nombre de personnes qui y travaillent. »

Sans compter que tout cela a un prix. « Le contrôle régulier de dizaines de milliers de familles par divers services de sécurité coûte une fortune », fait remarquer Kurt Callaerts. « Et le résultat ne sera pas à la hauteur de la dépense. En outre, il y a de grandes chances que le gouvernement fasse glisser une partie de la facture vers le secteur. »

L’annonce de contrôle du personnel portuaire afin de s’assurer qu’il n’entretienne pas de contacts avec le milieu du crime et de l’épluchage de la situation financière des candidats dockers est considérée par Kurt Callaerts comme de la « pure propagande politique ». « Il semblerait qu’après avoir sacrifié la sécurité pendant des années pour des raisons de compression des coûts, le monde politique veut faire croire qu’il « fait » quelque chose pour lutter contre la maffia de la drogue. En réalité, seuls des services de police et de justice qui fonctionnent bien et disposent d’un matériel performant et de suffisamment d’effectifs sont capables de mener ce combat. »

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