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L'histoire des diamants Campinois sous la loupe

Texte - Lieven Bax // Traduction - A-C M-L // Photos - Kempens Karakter // ÉTÉ 2022 // TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES

Depuis la nuit des temps, la ville d’Anvers est liée à l’industrie du diamant. Néanmoins, cette petite pierre a également contribué à la richesse de la campine anversoise pendant des décennies. « A son apogée, plus de la moitié des quarante mille travailleurs ayant un emploi dans ou lié à l’industrie du diamant en Flandre travaillait dans la région campinoise », explique Jeroen Janssens, coordinateur général de l’organisation patrimoniale ‘Kempens Character’ (Caractère Campinois, ndlr) et auteur du livre ‘Schitterend Geslepen’ (Magnifiquement Taillé, ndlr) qui traite du passé diamantaire de la Campine.

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Dans notre pays, l’histoire de l’industrie du diamant remonte au Moyen-Age. « A l’époque, il existait déjà une industrie et un commerce du diamant à Anvers », confirme Jeroen Janssens. « Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que la transformation du diamant est devenue une véritable industrie à Anvers. L›arrivée de la machine à vapeur a contribué à l›implantation des premières usines de diamants dans la métropole. »

« Un autre événement important pour la croissance de l’industrie belge du diamant est la découverte de nouvelles mines de diamants en Afrique du Sud et au Congo à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. De ce fait, un grand nombre de diamants bruts se sont soudainement retrouvés sur le marché et devaient être traités. Certains ont abouti dans le centre industriel alors le plus important de l’époque, Amsterdam, mais l’offre était si importante qu’Anvers en a également profité ».

« Comme il y avait beaucoup de petits spécimens parmi les pierres nouvellement fournies et que le coût de la main-d’œuvre pour les travailler était plus élevé que pour les plus grosses pierres, les diamantaires anversois ont commencé à chercher une main-d’œuvre moins chère. Ils se sont alors tournés vers la Campine qui, dans les années 1880, était une région agricole pauvre avec un grand potentiel de main-d’œuvre bon marché et qui, en outre, était accessible grâce aux premières liaisons ferroviaires ».

Toutefois, les usines de diamant campinoises n’ont pas pour autant poussé comme des champignons. « A cette époque, il n’y avait pas encore d’électricité en Campine », explique Jeroen Janssens. « Il fallait une grosse machine à vapeur alimentée au charbon pour ouvrir une usine. » Les premières usines de Grobbendonk et de Nijlen appartenaient à des entrepreneurs anversois qui souhaitaient développer leurs activités, mais aussi à des Campinois ayant appris le métier à Anvers, puis créé leur propre usine en Campine après leur formation ».

Les jours de foire

A l’origine, tout le personnel d’une même usine travaillait pour un seul patron. Cela semble logique, mais dans les années 1920, lorsque la Campine a été raccordée au réseau électrique, plusieurs petites entreprises ont ouvert leurs portes. Leurs propriétaires n’employaient plus de personnel en leur nom. « Il se pouvait que dans une petite usine de dix meules, tous les travailleurs étaient au service d’un employeur différent et payaient un loyer au propriétaire de l’usine pour avoir le droit d’y travailler », précise Jeroen Janssens. « Il n’était pas rare que leurs employeurs, enregistrés comme travailleurs du diamant, étaient eux-mêmes des sous-traitants d’entreprises plus importantes à Anvers. Leur principal travail consistait à distribuer les pierres à traiter entre un certain nombre de personnes dans les différentes usines. »

« Les diamantaires campinois étaient essentiellement semi-indépendants, bien qu›enregistrés auprès d›un patron. Ils devaient financer eux-mêmes tous les coûts liés à leur travail. Les lapidaires devaient payer le loyer de la meule mais aussi la poudre dont ils avaient besoin pour enduire leurs meules. Les cotisations sociales salariales et patronales devaient également être supportées par le travailleur. De plus, les diamantaires pouvaient décider eux-mêmes du moment où ils travaillaient. Selon la tradition, ils chômaient les jours de foire, par exemple, et le lundi, ils restaient parfois à la maison pour se remettre d’un week-end trop arrosé. »

Cependant, leur statut et la liberté qu’ils s’octroyaient n’empêchaient pas ces travailleurs de bien gagner leur vie. « Mieux que les autres travailleurs », note Jeroen Janssens. « Un vieux diamantaire m’a raconté qu’avec l’argent qu’il gagnait en une semaine, il pouvait se payer trois maçons pour travailler sur une maison. Son revenu était donc trois fois supérieur à celui d’un maçon. Cela explique également pourquoi, à l’époque, dans une classe de vingt élèves, trois poursuivaient leurs études et les autres quittaient l’école à l’âge de quatorze ans pour travailler dans l’industrie du diamant. Dans certains villages, jusqu’à cinquante pourcent de la population active travaillait dans le secteur du diamant. »

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Les paysans campinois

L’ouverture d’usines de diamants dans les pays à bas salaires en Asie et en Afrique a marqué le déclin de l’industrie du diamant en Campine. Le traitement des brillants les plus simples, taillés jusqu’alors en Campine, s’y est déplacé. « L’automatisation, l’informatisation et le fait que les lasers aient en partie pris en charge le sciage et la taille des diamants signifiait également que de moins en moins de travailleurs étaient nécessaires », ajoute Jeroen Janssens.

Lorsque l’offre de petites pierres a diminué dans les années 1970 et 1980, de nombreux diamantaires campinois sont partis travailler à Anvers. « A un moment donné, les Campinois étaient même majoritaires dans les usines anversoises. Avant cela, les gens méprisaient un peu la Campine car les pierres plus petites et de qualité inférieure y étaient transformées, ce qui requérait moins de compétences professionnelles ».

L’industrie du diamant n’a pas complètement disparu en Campine. « Il existe encore quelques ateliers reconnus. Un nouvel atelier a même récemment ouvert à Grobbendonk. Des références au passé de l’industrie du diamant, des monuments et des plaques commémoratives sont visibles dans différentes communes campinoises. À Nijlen, par exemple, un ancien atelier de lapidaires a été aménagé en centre d›accueil. Les logos municipaux de Nijlen et Grobbendonk font aussi référence à ce passé. Tout comme les noms de rue, d’établissements horeca, de clubs sportifs et même d’un groupe scolaire », explique Jeroen Janssens.//

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