POUR/CONTRE /
Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes !
Interview AC-ML / Photo Gaëlle Demez, ACV-CSC / TEMPS DE LECTURE: 4 MINUTES
Gaëlle DEMEZ, responsable des Femmes CSC et cheffe de Service de l’Equipe Mouvement, nous explique les raisons pour lesquelles cette journée est importante à travers le monde et ce à quoi la société s’expose en l’ignorant.
Les droits des femmes, une idée rétrograde ?
En aucun cas ! Nous vivons une époque où les droits, et ceux des femmes en particulier, sont attaqués, régressent ou sont tout bonnement supprimés, en Europe comme dans le reste du monde. Il ne faut pas aller loin pour trouver des exemples de politiques délétères aux femmes. Ce n’est pas qu’en Afghanistan, en Syrie ou en Iran que les problèmes se posent. Plus près de nous, en Italie, en Hongrie, bref dans tous les pays où l’extrême-droite est montée au pouvoir ou encore dans les pays où les partis politiques gouvernants ont des idées d’extrême-droite, on a remarqué que les premières mesures prises à l’encontre des femmes concernaient le droit à la contraception et à l’avortement. En effet, avoir et élever un enfant est onéreux et a donc un impact direct sur l’autonomie financière et économique des femmes, donc sur leur autonomie tout court. Citons encore l’exemple de la Pologne, où les femmes ont milité pour l’élection d’un président qui n’ait pas d’idées rétrogrades dans le but de préserver leurs droits et ceux de la communauté LGBTQ+.
La Journée internationale des droits des femmes est d’ailleurs décriée dans les pays où une telle politique rétrograde s’applique.
Or, les droits de la femme sont en réalité les droits de tous les êtres humains. Cette journée internationale est le moment de le rappeler ! Sans cette journée annuelle, on risquerait d’oublier qu’il reste beaucoup de travail à cet égard.
En Belgique, le nouveau gouvernement a formé un accord dont les mesures vont impacter particulièrement un grand nombre de citoyens mais surtout les femmes. Naturellement, des questions restent ouvertes sur la manière dont l’accord sera concrétisé mais il donne déjà une ligne de conduite singulièrement obscurantiste.
Progresser sur le plan des droits des femmes fait avancer en parallèle les droits des hommes
C’est un travail de longue haleine car les stéréotypes sexistes existent toujours et ils ne sont pas toujours visibles mais intégrés dans l’inconscient des hommes… comme des femmes d’ailleurs.
Dans les petites entreprises surtout (sans délégation syndicale) mais aussi dans les très grandes entreprises, le mois de mars est le moment idéal pour demander et analyser le bilan social de l’entreprise. La CSC met d’ailleurs un calculateur en ligne à disposition des militants. Il s’agit de mener une réflexion et des campagnes en gardant une approche intégrée de la dimension du genre (« gender mainstreaming »). Suite à l’analyse du bilan social, un plan d’actions peut être établi, puis un plan d’évaluation de ces actions. Pour chaque action, il convient d’identifier quels sont les hommes et les femmes qui sont impactés, leur nombre, les mesures mises en place pour améliorer la situation sur le lieu de travail et aller vers plus d’égalité. En effet, aller vers plus d’égalité entre tous et être plus inclusif sont des revendications syndicales.
« En faisant avancer les droits des femmes, on fait également avancer les droits des hommes »
Il arrive parfois que les entreprises hésitent ou refusent d’engager des femmes pour des postes considérés comme typiquement masculins : le métier serait trop lourd physiquement, il n’y a pas de toilettes sur le lieu de travail ( !), les machines utilisées ne permettent pas aux femmes de les prendre correctement en main (car elles ont été construites pour certains outils de travail ont été modifiés par les constructeurs pour permettre leur utilisation par des femmes, mais aussi… des hommes plus petits ou frêles. Il en va de même pour les chauffeurs de camions. Les cabines ne permettaient pas à certaines femmes et hommes d’accéder aux pédales et les ceintures de sécurité n’étaient pas adaptées. Certains constructeurs ont revu leurs cabines de manière à les rendre plus inclusives aux femmes, comme aux nombreux hommes qui ne correspondaient pas aux «standards».
Concernant les outils de travail, si ils ne sont pas bons pour une femme, sont-ils pour autant bons pour les hommes ?
Les victimes de harcèlement ne sont d’ailleurs pas toujours les femmes (hormis, dans leur grande majorité, les cas de harcèlements sexuels). La culture d’entreprise est déterminante à cet égard. Un travailleur jeune, appartenant à la communauté LGBTQ+ ou ayant des caractéristiques physiques plus spécifiques peut être soumis, comme une femme, à un harcèlement moral ou physique grave de la part de ses collègues.
Les exemples sont nombreux et illustrent bien le fait que faire avancer les droits des femmes impacte positivement les droits de tous les être humains. C’est entre autre pour cette raison que la CSC est favorable à la mixité sur le lieu du travail.
Notons encore que l’écart salarial est actuellement de 19,9 % et la pension d’environ 30 % entre les hommes et les femmes, en défaveur des femmes.
Un travail de longue haleine
C’est un travail de longue haleine car les stéréotypes sexistes existent toujours et ils ne sont pas toujours visibles mais intégrés dans l’inconscient des hommes… comme des femmes d’ailleurs.
Il est utile de rappeler que le combat syndical a surtout visé les hommes par le passé et que ceux-ci sont donc mieux lotis que les femmes à de nombreux égards. Par exemple, la liste des maladies professionnelles s’est surtout créée en prenant en considération des métiers typiquement masculins. Beaucoup de maladies professionnelles liées à des métiers plus féminisés (le non-marchand, les aides-soignantes et ménagères, les puéricultrices, la grande distribution, etc.) ne sont pas reconnues. La pénibilité-même des secteurs de travail majoritairement féminins n’est pas non plus reconnue. Mentalement et/ou physiquement, certaines catégories de travailleuses, ou travailleurs, n’en peuvent plus. Il en va de même pour les temps partiels, majoritairement pris par les femmes qui n’ont pas d’autre choix. En neutralisant les raisons négatives pour lesquelles les travailleu-rs/-ses choisissent un temps partiel, on remarque une égalité entre les hommes et les femmes dans le sens où autant d’hommes que de femmes choisissent de leur plein gré un temps partiel.
Bref, cette Journée internationale des droits de la femmes gardera tout son sens jusqu’à ce que tous les pays aient réussi à traiter les hommes comme les femmes sur un parfait pied d’égalité.

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la CSC lance la campagne « Super Maria prend votre santé à cœur ». Quel est l’impact du travail sur la santé des femmes ? Quel est l’impact de la santé des femmes au travail ? Le 8 mars sonne le départ d’une série d’actions dans les entreprises et toutes les régions du pays qui se poursuivront pendant toute l’année.
Plus d’informations sur la page Facebook Femmes CSC et sur le site de la CSC https://www.lacsc.be/actualite/campagnes/8-mars-journee-des-droits-des-femmes