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Trois questions à Kris Peeters

HIVER 2024 / TEMPS DE LECTURE: 3 MINUTES

Kris Peeters est expert en mobilité et chargé de cours en ingénierie de la circulation à la PXL Haute Ecole de Hasselt.

Vous êtes très critique à l’égard de la stratégie de la SNCB qui consiste à fermer de plus en plus de guichets de gare. Pourquoi ?

Kris De nombreux décideurs politiques rêvent à voix haute d’une «libéralisation» du transport ferroviaire. On supprime d’abord des trains, puis des guichets, puis des gares et donc encore plus de trains. A chaque étape, la SNCB perd des voyageurs. L’appel à la privatisation est alors tout naturel. Il s’agit donc de bien plus qu’une simple fermeture de guichets. Il s’agit d’une spirale descendante voulue par les politiques et dont la SNCB est la complice.

L’entreprise affirme qu’elle s’adapte à l’évolution du comportement d’achat des clients.

Kris C’est un mensonge flagrant. C’est la SNCB qui détermine le comportement d’achat et non l’inverse. La SNCB oblige désormais son personnel à détourner activement les voyageurs vers les distributeurs automatiques. Les personnes qui abandonnent ainsi disparaissent des statistiques. Les guichetiers peuvent aussi être bien plus que des vendeurs de billets. Mais pour cela, il faut se placer du point de vue du voyageur et non de celui de l’organisation. Un point sur lequel la SNCB est notoirement mauvaise.

Les contraintes budgétaires obligent la SNCB à faire des choix. Alors fermer les guichets des gares est moins problématique que d’opter pour des trains sans accompagnateurs ou d’économiser sur l’entretien, non ?

Kris La question résume le problème. Nous nous laissons berner en pensant que c’est le choix qui s’offre à nous. Comme l’a dit Hans Verbruggen, spécialiste des sociétés de transports publics, il n’y a pas de transport public aussi cher qu’un mauvais transport public. La SNCB et De Lijn sont des services publics et leur logique doit être différente de celle des entreprises privées. Elles doivent générer un bénéfice social, et non financier. Les ressources nécessaires à cet effet sont gaspillées dans le système des voitures-salaire qui engloutit des milliards, dans des infrastructures routières supplémentaires inutiles - alors que nous ne pouvons déjà pas entretenir celles qui existent - et dans des subventions publiques pour les aéroports régionaux.

Il est grand temps que les syndicats et les voyageurs se donnent la main pour transformer la spirale descendante en spirale ascendante.