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/Xavier Martin

Interview : AC-ML | Photo : CSC-Transcom | Temps de lecture: 2 minutes | PRINTEMPS 2024

« L’égalité des genres, cela fait grandir tout le monde. Donner une place à chacune et chacun dans le respect de chacune et chacun devrait couler de source. »

TROIS QUESTIONS À /

C’est ainsi que Xavier Martin clôture la rencontre autour de la campagne qu’il a menée avec les Femmes CSC au sein des chemins de fer. L’enquête, menée au sein de la population féminine des chemins de fer sur les violences subies sur le lieu du travail, a abouti à la rédaction d’une résolution parlementaire visant à lutter contre les violences faites aux femmes dans le secteur ferroviaire. Cette résolution vise à renforcer la lutte contre le harcèlement et les agressions dans les trains.

Comment t'est venue l’idée de travailler sur les violences sexistes au travail ?

« Des travailleuses victimes de violence à la fois par des tiers ou par des collègues avaient interpellé les déléguées. Nous nous sentions assez démunis car nous renvoyons systématiquement les dossiers vers le service externe alors que cette procédure n’est pas optimale. Elle écarte et isole la victime sous prétexte de la protéger ; rien n’est fait vis-à-vis de l’auteur. Du coup, la victime s’en trouve pénalisée et le problème n’est pas solutionné. Nous voulions faire pression sur les auteurs. Alicia Schmit (Femmes CSC) a eu l’idée de créer une enquête pour dénoncer le phénomène dans les organes paritaires et faire bouger les choses. »

« L’enquête a eu beaucoup de succès. Alicia et moi avons été choqué par les résultats : 68 % des femmes interrogées avaient déjà été victimes de faits sexistes. Les résultats ont été présentés aux militantes et une rencontre a été organisée avec les répondantes au questionnaire. Ce fut un moment difficile mais enrichissant. Elles n’étaient plus seules. De victimes, elles devenaient actrices de changement. Nous avons lancé une large campagne de médiatisation avec les résultats de l’enquête et nos revendications. Libérer la parole était aussi une manière de conscientiser et d’isoler les personnes problématiques. »

« Suite à cette campagne, Sarah Schlitz (secrétaire d’Etat) a demandé à nous rencontrer. Nous avons également interpellé les organes paritaires internes à la SNCB. Les directions ont répondu, certaines avancées ont été réalisées mais des éléments importants sont restés sans réponse. Nous entendions de bonnes intentions mais rien ne mettait la pression sur les auteurs de ces violences. »

Des victoires importantes ont-elles été engrangées par la campagne ?

« Mi-décembre 2023, des parlementaires Ecolo nous ont informés du dépôt auprès du Parlement fédéral d’une résolution sur la violence faite aux femmes dans le secteur ferroviaire. Nous avons été agréablement surpris car le texte reprenait beaucoup de nos revendications. Après avoir émis nos remarques, la résolution a été déposée au Parlement. C’est une belle victoire à l’issue d’un long travail, et une vraie reconnaissance pour les victimes. »

En jetant un regard sur le déroulé de la campagne, quels enseignements en tires-tu ?

« Y croire, c’est déjà agir. A la base, l’interpellation des travailleuses a été soutenue par leurs déléguées et toutes ont affirmé : « C’est une question de dignité humaine ». Cela n’a pas été minimisé comme un truc de « bonne femme ». L’enquête a montré l’étendue du phénomène. En ce qui concerne le travail syndical, elle a montré l’importance de partir de l’impact des violences sur les travailleuses. »