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La concertation sociale: hors-jeu ou coup d’accélérateur?
Ann Vermorgen, présidente de la CSC / Photo: shutterstock / 11 septembre 2024 / temps de lecture: 1,5 minutes
Après les élections sociales de mai et les réunions de démarrage qui les ont accompagnées, le moment est maintenant venu pour les représentants des travailleurs de se mettre au travail. Après les vacances d’été, la concertation sociale dans les entreprises, les institutions et les organisations a atteint son rythme de croisière. Les défis sont importants. Un grand nombre de secteurs, tant privés que publics, ont fort à faire mais tous ensemble, nous pouvons faire la différence. Je vous souhaite une année sociale fructueuse à toutes et tous!
Au niveau de la concertation interprofessionnelle nationale, le travail a également repris pour les représentants des travailleurs. Cet automne, le Groupe des 10 - c’est-à-dire les négociateurs nationaux pour le banc patronal et pour le banc des travailleurs - entamera les négociations en vue d’un accord interprofessionnel bisannuel. Un accord devrait être conclu début 2025. Dans ce cadre, les discussions portent traditionnellement sur d’éventuelles augmentations salariales pour les deux prochaines années. C’est très important dans le cadre d’un accord interprofessionnel. C’est la raison pour laquelle les médias parlent souvent de «l’accord salarial national».
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«Nous allons faire preuve de beaucoup de créativité pour que les négociations débou-chent sur des améliorations pour les travailleurs.»
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Ces dernières années, il a cependant peu été question d’un «accord salarial national». Depuis le durcissement de la loi sur la norme salariale en 2017, il n’y a plus aucune marge pour des négociations salariales libres. Faire bouger les lignes alors que l’on se trouve dans une impasse totale ne sera pas chose aisée car les organisations patronales sont dans un fauteuil très confortable. De plus, on peut se demander si on aura un gouvernement avant la fin de l’année. La réponse à cette question influencera grandement les négociations interprofessionnelles. Si ce gouvernement prend certaines mesures, telles que fixer des règles légales permettant de prester plus d’heures supplémentaires et de les rendre moins chères, autoriser plus de travail de nuit, limiter le crédit--temps et les dispositifs de fin de carrière, bloquer les négociations salariales…, le menu des négociations se réduira comme peau de chagrin. Ce ne sera pas sans conséquences. Dans ces conditions, comment certains partis potentiels de la coalition et les employeurs espèrent-ils encore pouvoir conclure des accords sur la paix sociale?
Mais en cette matière, pas plus que pour les négociations gouvernementales, rien n’est joué. Nous allons faire preuve de beaucoup de créativité et d’inventivité pour que ces négociations interprofessionnelles débouchent sur des améliorations pour les travailleurs. Pour ce faire, nous devrons utiliser les voies habituelles, mais également explorer de nouvelles pistes.