close

Une question ou une remarque? Faites-le nous savoir!

Syndicaliste // Confédération des syndicats chrétiens (CSC) // Secrétariat de rédaction // Donatienne Coppieters // syndicaliste@acv-csc.be // Besoin de plus d'informations? Visitez www.cscmilitants.be

Terug naar huidig nummer

EN ACTION /

Le non-marchand, un bien commun!

TEXTE & PHOTOS Donatienne Coppieters / 13 NOVEMBRE 2024 / TEMPS DE LECTURE: 4 MINUTES

Le 8 novembre 2024, des milliers de travailleuses et travailleurs des secteurs non marchands, de l’enseignement, de la santé…, essentiellement aux couleurs vertes de la CSC, ont envahi les rues de Bruxelles. Elles et ils ont crié leur peur de l’avenir dans des secteurs vitaux qui risquent néanmoins d’être encore moins financés à l’avenir.

Des infirmières, des sages-femmes, les personnels des maisons de repos, des assistants sociaux, des enseignants, des travailleurs des entreprises de travail adapté, des fonctionnaires des services publics, des artistes… Entre 25.000 et 35.000 personnes ont battu le pavé bruxellois pour crier leurs inquiétudes au monde politique, aux gouvernements formés et aux gouvernements à venir. Tous craignent pour l’avenir de leurs secteurs.

dorothe.jpg

Dorothée Caudron
assistante sociale au CHU Helora: 

«Nous sommes ici pour sensibiliser la population et surtout le niveau politique pour rappeler que nous sommes de plus en plus confrontés à des situations précaires dans les hôpitaux. Nos conditions de travail sont de plus en plus compliquées. Le nombre de personnes en situation de précarité augmente et les hôpitaux doivent gérer de plus en plus de situations sociales difficiles. Nous avons besoin de beaucoup plus de moyens financiers et de bras.»

Ils sont unanimes: les conditions de travail, financières et humaines, se détériorent tellement qu’elles et ils ne sont plus à même de fournir un service convenable. La surcharge de travail, les réductions de personnel partout, l’obligation de rendement dans des secteurs qui ne devraient pas être commerciaux… provoquent beaucoup de burnout et de maladies de longue durée. Les travailleurs qui restent n’en peuvent plus et ne sont plus capables d’assurer un travail de qualité auprès de leurs publics.

Et pourtant, le travail quotidien des métiers du lien et du soin nécessite du temps et les besoins s’accroissent de jour en jour. C’est pourquoi la mobilisation est importante, et ce dans tous les secteurs. «Après avoir été applaudis pendant la crise Covid, le personnel et leurs bénéficiaires méritent le respect. Il y a urgence à considérer les services du non-marchand et leur personnel comme un bien commun: les métiers du lien, du soin, du care ont besoin de temps et de financements», exprime Stéphanie Paermentier, secrétaire nationale CNE.

barbara.jpg

Barbara Scapin,
assistante sociale au centre PMS libre de Binche: 

«On veut vraiment une mobilisation de moyens humains pour pouvoir mieux répondre aux demandes des jeunes dans nos écoles. Nos normes d’encadrement datent de 1960. La société et les problématiques ont évolué. Les jeunes changent et nos moyens ne s’améliorent pas. Pour un équivalent temps plein, on a sept écoles à charge, et plus ou moins 2.300 élèves. C’est juste impossible au vu de toutes les missions qu’on doit remplir.»

Les revendications

Face aux enjeux bien connus de la pénurie et de la détérioration des conditions de travail et de la qualité des services, la CNE Non-marchand rappelle les revendications du personnel: «Il s’agit de refinancer structurellement les fonctions collectives, ce qui nécessite une remise en question fondamentale de la suprématie de l’économique sur la recherche de bien-être. Il faut urgemment renforcer l’attractivité des métiers et la tenabilité des carrières, par la négociation d’accords non marchands et un plan ambitieux et multi-dimensionnel de lutte contre la pénurie dans les métiers du lien. La population a besoin qu’on investisse dans les politiques fonctionnelles en excluant la marchandisation et en ne faisant aucun compromis en ce qui concerne les normes de qualité. Enfin, nous attendons une intensification et la consolidation de la concertation sociale, et cela à tous les étages.»

jose.jpg

José Fernandez Garcia,
de l’entreprise de travail adapté (ETA) Travie à Bruxelles (environ 450 travailleurs): 

«On a peur de voir diminuer nos subsides avec les nouveaux gouvernements parce que les ETA font partie du secteur non marchand. Or, ces subsides permettent aux ETA de ne pas devoir faire de bénéfices et de s’occuper principalement de l’inclusion des personnes handicapées. Si on supprime des subsides, cela va obliger les ETA à devenir de vraies entreprises, concurrentes aux autres. Les travailleurs vont devoir augmenter leurs efforts de production alors qu’ils n’en sont pas capables au vu de leurs handicaps. Ce n’est pas le but des ETA.»

maria.jpg

Maria Pirrello,
du service d’action sociale de la commune de Molenbeek: 

«On demande plus de personnel parce qu’on manque d’effectifs dans les services. Cela a pour conséquences des burnout. Les travailleurs qui restent ont trop de boulot et les citoyens payent les pots cassés. Ça suffit!»

jef.jpg

Jef Collet,
professeur à l’école IC Flone d’Amay en province de Liège

Porteurs du slogan «Enseignant oui, en saignant non», les enseignants s’inquiètent du changement de statut. Jef Collet, professeur à l’école IC Flone d’Amay en province de Liège, l’explique: «Le métier est de plus en plus pénible et on a peur de saigner. Toutes les mesures annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles font vraiment peur et elles ne ressemblent pas à quelque chose qui revalorise l’enseignement et les enseignants. Ni les profs, ni les directions, ni les syndicats ne comprennent en quoi la fin de la nomination et le passage aux CDI pourraient solutionner la pénurie d’enseignants. Cette mesure risque de faire fuir encore plus ceux qui commencent et peut-être même ceux qui sont dedans.»

Regardez la vidéo de la manif: www.youtube.com/watch?v=0fWX1UX6rU8

Related articles