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EN DÉBAT /

La coopération internationale: stop ou encore?

TEXTE ET PHOTO Donatienne Coppieters

Depuis 2003, les syndicats, dont la CSC, sont reconnus comme acteurs de coopération internationale par les pouvoirs publics belges. Ils sont dès lors cofinancés par la Direction générale de la coopération au développement (DGD). Via ce mécanisme, un euro destiné à la solidarité internationale, récolté via les cotisations des membres de la CSC, se voit complété par quatre euros de la DGD. L’ASBL ACV-CSC International investit ces montants dans des programmes de coopération syndicale en Afrique, en Amérique Latine et en Asie.

Mais chaque fois que le gouvernement se penche sur le budget et les économies à réaliser, le budget de la coopération au développement menace d’être réduit. Or, celui-ci n’est actuellement que de 0,44% du Revenu national brut, loin de l’engagement de l’État belge d’y consacrer 0,7%.

Mais à quoi sert cette coopération syndicale internationale?

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«La coopération internationale, ce n’est pas de la charité mais un investissement.»

Karin Debroey, responsable du service international de la CSC.

«La CSC, via son ASBL ACV-CSC International, soutient des syndicats dans plusieurs pays non-européens de manière structurelle et permanente. Au contraire de l’Union européenne (UE) qui octroie des fonds via des appels à projets sur des thématiques décidées à l’avance, la DGD nous autorise à déterminer avec nos partenaires les priorités et les thématiques. Cela nous permet de mener des programmes sur cinq ans centrés sur les priorités des syndicats partenaires.»

La coopération internationale, ce n’est pas de la charité, c’est un investissement. Y investir signifie améliorer les conditions de vie des gens en améliorant leurs revenus, investir dans la stabilité politique, le développement durable, la transition juste…

La plupart des entreprises en Belgique font de l’export et de l’import, ont des chaînes de production dans d’autres pays du monde. La coopération internationale, c’est donc aussi investir dans les droits des travailleuses et des travailleurs partout dans le monde pour que nous, les travailleurs belges, ne soyons pas des perdants de la globalisation. Nous avons besoin que tous les travailleurs soient au même niveau de droits et de salaires, dans le cadre d’un marché européen et mondial.

Comme actrice de développement reconnue, la CSC travaille en partenariat avec des syndicats d’autres continents pour qu’ils soient plus forts dans les négociations collectives avec les employeurs, pour donner plus de poids à leur organisation, développer leurs services aux membres, la syndicalisation, l’organisation des travailleurs sur leur lieu de travail, la formation, l’information…

Nous appuyons aussi leurs efforts pour faire pression sur leurs gouvernements pour obtenir de meilleurs droits dans leur pays. Par les salaires minimums, par les négociations collectives, l’accès à la protection sociale, nous avons des impacts très réels sur la sécurité et l’amélioration des revenus d’un grand nombre de personnes.

Si les subsides diminuent, nous devrons soit diminuer le nombre de partenaires, soit couper dans leur enveloppe.

En s’engageant pour les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, la Belgique s’est engagée, via l’objectif n° 17, à faire monter la partie de son revenu national brut consacrée à la coopération au développement à 0,7%. Or, on n’en n’est qu’à 0,44% et Bart de Wever veut encore diminuer cette partie. Je lance un appel aux partis politiques: restez fidèles aux ODD 2030 et continuez à investir dans la coopération internationale!»

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«La CSC nous soutient à travers son expertise»

Maria Emeninta travaille pour le syndicat KSBSI d’Indonésie, partenaire de la CSC et de WSM, et coordonne le programme régional Asie soutenu par la CSC.

«La CSC nous soutient à deux niveaux: au niveau national, elle soutient notre syndicat KSBSI et, au niveau continental, le programme régional Asie qui implique plusieurs syndicats également partenaires de la CSC: Cambodge, Philippines, Vietnam, Népal et Bengladesh.»

"Le soutien le plus important concerne le renforcement des leaders et des militants syndicaux pour améliorer leur travail sur différentes thématiques: les conventions collectives de travail, les services aux membres, la défense juridique, la formation…

Nous apprenons aussi à faire pression sur nos gouvernements pour adopter des lois et renforcer le plaidoyer dans le pays pour mettre en œuvre les législations existantes.

Nous acquérons aussi progressivement des connaissances sur différents sujets qui ne nous étaient pas familiers tels que le changement climatique, la transition juste, l’économie de plateforme qui se développe très fort, les droits humains et le devoir de vigilance, le genre… Nous essayons de renforcer la dimension du genre dans tout ce qu’on fait, que ce soit au niveau national ou régional.

La CSC nous soutient à travers son expertise et nous aide à nous mettre en réseau au niveau continental, avec d’autres syndicats en Asie ou dans son réseau mondial, pour échanger par exemple sur la transition juste et le changement climatique. Elle nous implique aussi beaucoup sur les progrès des lois au niveau de l’Union européenne. Par exemple, la directive européenne sur le devoir de vigilance (HRDD) et les droits humains dans les chaînes de valeur a été adoptée et cela nous concerne. Nous devons à présent repérer là où il y a des violations du droit du travail dans les chaînes de valeur des grandes multinationales du secteur textile.

Nous devons aussi agir au niveau politique pour que les conventions adoptées à l’OIT soient ratifiées au niveau national et entrent dans les législations, notamment la convention concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail adoptée à l’OIT en juin 2019.

Avec la CSC, nous apprenons différentes stratégies. Avec cet appui syndical, KSBSI est devenu plus solide en interne et un des syndicats les plus importants en Indonésie.

La CSC nous met aussi en lien avec d’autres syndicats européens tels qu’aux Pays-Bas. Nous travaillons avec eux sur l’accord de libre-échange entre l’Indonésie et l’Union européenne qui est en négociation actuellement, afin d’éviter les effets néfastes sur les droits des travailleurs indonésiens. Le partenariat avec la CSC facilite aussi notre participation à des rencontres internationales. Ce soutien financier qu’apporte le programme cofinancé par la DGD et la CSC complète nos propres moyens, notamment constitués par les cotisations de nos membres.»

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