TAPE À L'OEIL /
En finir avec la fast fashion
TEXTE Donatienne Coppieters PHOTO Tim Dirven | TEMPS DE LECTURE: 2 MINUTES | SYNDICALISTE 17 MAI 2023
/Bruxelles 24 avril 2023
Ce 24 avril, une boule de vêtements géante a déambulé rue Neuve, symbolisant le caractère destructeur de la fast fashion, un modèle qui n’en finit pas de faire des victimes et d’inonder le monde de ses montagnes de déchets.
Cette performance et la commémoration qui a suivi ont eu lieu dix ans après l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza au Bangladesh qui a coûté la vie à 1.138 travailleuses et travailleurs de l’habillement et fait plus de 2.000 blessés.
Nilgun Kucuk, déléguée chez C&A, a pris la parole sur la place de la Monnaie: «Aujourd’hui est un jour important pour mes collègues et moi-même qui travaillons dans les enseignes de vente de vêtements rue Neuve et dans d’autres magasins de mode de Belgique. Nous qui militons pour nos droits à travers nos organisations syndicales, nous sommes heureux et heureuses de nous mobiliser aujourd’hui. Il y a 10 ans, le drame du Rana Plaza nous a touché. Celles qui travaillent au bout de la chaîne pour coudre les vêtements que nous plions, que nous rangeons, que nous vendons tous les jours dans nos magasins se sont vu arracher leur vie de façon effroyable sur leur lieu de travail. La responsabilité de nos entreprises est indéniable. Nos enseignes n’existent que par la force de notre travail et du travail de ces femmes qui, au Bangladesh et partout dans le monde produisent ces vêtements. Nous sommes ici pour commémorer les 1.138 victimes du Rana Plaza, pour témoigner de notre solidarité aux survivantes et à leurs familles, quel que soit le pays où elles se situent. Ces femmes sont nos collègues. Nous faisons partie d’une même filière. Et si nous savons combien cela reste un défi pour nous, au quotidien, de défendre nos droits, de porter nos revendications, de nous organiser collectivement en Belgique, nous ne pouvons que nous joindre solidairement aux travailleuses du bout de la chaîne qui, 10 ans après, font toujours face à des conditions d’exploitation inimaginables. Nos entreprises et nos représentants politiques doivent prendre leurs responsabilités. Rana Plaza Never Again, plus jamais ça!»
Dix ans après la catastrophe la plus meurtrière dans le secteur de l’habillement, les avancées en matière de sécurité et de conditions de travail sont trop faibles. Au-delà de la commémoration, les syndicats, les ONG et les associations ont voulu une fois de plus appeler à une action politique urgente.
L’Union européenne travaille à l’élaboration d’une directive sur le devoir de vigilance visant à mettre fin aux violations quotidiennes des droits humains, sociaux et environnementaux, dans tous les secteurs. Un vote important sur cette directive est à l’ordre du jour du Parlement européen le 1er juin. Soutenez-le.