ÉLECTIONS SOCIALES /
L’emploi dispersé chez Krefel: comment y faire face?
Propos recueillis par Frank Cosaert I PHOTO Daniël Rys | 13 DÉCEMBRE 2023 | TEMPS DE LECTURE: 3 minutes
Dans la perspective des élections sociales de mai 2024, nous publions chaque mois un entretien avec une équipe syndicale. Ils nous présentent les acquis des dernières années et leurs méthodes d’action.
Ce mois-ci, nous avons rencontré les militants de Krëfel: Hilde De Wit, Myriam Perdaens, Werner Steyaert, Martine Van Rompaey, Stefaan De Greef, Gerry Wyns, Elien Savat et Cindy Clarebout. Nous leur avons demandé de présenter leur méthode de travail et leurs principales réalisations.
Krëfel est une grande entreprise dont le personnel est dispersé dans presque toute la Belgique. Comment vous y prenez-vous pour relever le défi de l’action syndicale?
Ce qui marche bien, ce sont les visites dans les magasins, que nous programmons une fois par mois. Nous répartissons notre équipe en cinq duos. Chacun visite 3 ou 4 magasins une fois par mois pour discuter avec le personnel. Nous pouvons ainsi visiter chacun des 75 magasins environ deux fois par an. Nous essayons de parler discrètement avec chaque travailleur séparément. Nous voyons qu’ils apprennent ainsi à bien nous connaître et qu’ils nous expliquent plus facilement les problèmes qu’ils rencontrent. Nous nous arrangeons toujours pour leur apporter quelque chose, un tract ou un gadget. Nous en profitons pour faire le tour de l’entreprise et pour voir si nos informations sont affichées aux valves. Nous avons réussi à créer un bon lien avec le personnel et à faire en sorte d’être perçus de façon plus positive.
De plus, nous avons créé un groupe Facebook, où nous diffusons régulièrement des informations. Nous envoyons des vœux au personnel dont nous connaissons la date d’anniversaire et nous organisons régulièrement un sondage pour connaître l’avis du personnel sur certains thèmes.
Quels sont les principaux problèmes que vous avez rencontrés? Y avez-vous trouvé des solutions?
Nous avons réussi à obtenir des chèques--repas pour le personnel de nettoyage.
Nous avons aussi réussi à augmenter le salaire des managers, assistants-managers, vendeurs de cuisines et managers de cuisines. Grâce aux multiples indexations, leur salaire n’a jamais été aussi élevé. Une CCT conclue l’an dernier garantit aussi qu’à l’avenir, le salaire évoluera selon un barème. Nous avons dû saisir le tribunal du travail, lequel nous a donné raison (Krëfel a toutefois intenté un recours). Le salaire fixe est majoré et il y aura une discussion chaque année dans le cadre de la CCT n° 90.
Nous avons aussi obtenu l’affichage de prix numériques partout dans les magasins, au lieu de devoir imprimer et afficher des dizaines d’adaptations pour quelques centimes chaque matin.
Vous essayez de trouver des améliorations pour toutes les catégories de personnel...
Oui, absolument, nous sommes là pour tout le monde. Par exemple, pour le personnel du siège principal, nous avons pu mettre en place des fontaines à eau et un système de leasing de vélos.
Le personnel peut choisir un vélo qui correspond à son barème salarial. Une somme est déduite du salaire brut chaque mois et après trois ans, le travailleur qui le souhaite peut racheter le vélo pour une valeur résiduelle. Environ 200 travailleurs utilisent actuellement ce système.
-//-
«OBTENIR DES CHÈQUES-REPAS POUR LE PERSONNEL DE NETTOYAGE NOUS A VALU BEAUCOUP DE RECONNAISSANCE.»
HILDE DE WIT
-//-
Un accord existe également pour les chauffeurs qui assurent les livraisons de cuisines et pour les magasins. À un certain moment, la direction a voulu sous-traiter le transport. Ici aussi, nous avons pu obtenir la sécurité d’emploi pour nos chauffeurs jusqu’en octobre 2024. De nouvelles négociations auront lieu à cette date. Nous nous concertons régulièrement avec les responsables de la logistique pour que le nombre d’heures supplémentaires reste raisonnable.
Comment la direction fournit-elle les informations économiques, financières et assimilées?
Ici aussi, la situation s’est améliorée, et nous organisons chaque mois une réunion d’information avec la délégation syndicale «logistique». À cette occasion, nous examinons les chiffres concernant les livraisons, l’absentéisme pour cause de maladie, etc. L’approbation du recours à des travailleurs intérimaires est un sujet récurrent que nous n’abordions pas auparavant.
Surtout, nous adoptons toujours une attitude constructive et nous avons construit de bonnes relations avec toutes les catégories du personnel.