L'ACTU /
Les jeunes, forces vives européennes
TEXTE Mathilde Delsoir et David Morelli | PHOTO CES | TEMPS DE LECTURE: 4 MINUTES | SYNDICALISTE 21 JUIN 2023
Le congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est déroulé du 23 au 26 mai dernier. Mathilde Delsoir, jeune permanente à la CSC Hainaut occidental, faisait partie de la délégation CSC du congrès. Elle revient sur quelques thèmes qui y ont été développés.
Forte de 89 organisations syndicales nationales réparties dans 39 pays européens, la Confédération européenne des syndicats (CES) vise, entre autres, à s’assurer que la parole des travailleurs et travailleuses soit entendue dans le cadre du dialogue social européen et à défendre les valeurs sociales fondamentales de ses membres. Elle intervient activement pour que nous allions dans le sens d’une Europe sociale.
La CSC étant membre de la CES, une délégation de neuf personnes a participé au congrès qui s’est tenu en mai à Berlin. Tous les quatre ans, le congrès fixe la politique générale de l’organisation et en élit également l’équipe dirigeante. Cette année, ce rassemblement a été marqué par la célébration des 50 ans d’existence de la CES.
Implication des jeunes dans les syndicats
En amont du congrès, s’est tenu «Power to Union Youth», un événement rassemblant la jeunesse syndicale européenne. Quatre délégués de la CSC y ont participé. Nous avons pu partager nos différentes réalités de terrain, nos difficultés - souvent semblables d’un pays à l’autre - et notre envie commune de renforcer l’action des syndicats et de nous y investir pleinement.
Les jeunes ne sont pas l’avenir de nos organisations: ils et elles en sont le présent et une force vive, active et motivée qui ne demande qu’à participer au renouveau syndical. Cette importance donnée à la participation des jeunes dans le mouvement a été confirmée lors du congrès par l’adoption d’un quota jeunes. Ainsi, lors du prochain congrès en 2027, pour chaque organisation participante, une délégué ou une déléguée sur quatre devra être âgé de 35 ans ou moins. Plus de 60% des délégations avaient déjà appliqué cette règle lors de ce congrès, en ce compris la CSC qui avait même doublé ce nombre: nous étions quatre jeunes sur neuf délégués!
Linde Nieto, permanente à la CSC Flandre orientale, est intervenue devant le congrès à propos de l’implication de la jeunesse dans les syndicats: «Ce n’est pas un problème que nous devons régler. C’est une opportunité. Atteindre et organiser les jeunes travailleurs est la solution à beaucoup de nos défis. […] Si nous donnons du pouvoir à la jeunesse, cela nous aidera à grandir.»
Lors de ce congrès, l’équipe dirigeante la plus jeune que la CES ait eu jusqu’alors a été élue. Esther Lynch, qui a été reconduite dans ses fonctions de secrétaire générale, s’est déclarée ravie de cette nouvelle, à l’heure où le renouveau syndical est crucial.
«Si vous donnez une voix aux jeunes travailleurs, des sujets brûlants tels que la durabilité environnementale, les droits des femmes, la diversité, la démocratie et l’égalité seront en tête de notre agenda.»
Linde Nieto, permanente à LA CSC FLANDRE ORIENTALE
Adoption d’une charte des valeurs
La CES a toujours agi en accord avec des valeurs sociales fortes. Elle a mis au vote une charte qui reprend, entre autres, les valeurs de paix, de solidarité, de démocratie et l’État de droit, mais aussi celle de la lutte contre l’extrême droite. Le congrès a adopté cette charte pour pouvoir, le cas échéant, s’y référer.
La CSC a soutenu totalement l’adoption de ce texte. Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, l’a confirmé devant l’ensemble des délégations présentes lors des discussions autour de la charte: «Dans une période où l’État de droit, les valeurs d’égalité (en droit et à l’épreuve des faits), de dignité, de respect, d’ouverture sur le monde sont mises à l’épreuve dans de nombreux pays dont le nôtre, cette charte doit constituer un socle fort qui nous relie, qui nous unit. […] Nous réaffirmons, fièrement, fermement ces valeurs fondamentales et nous engageons à les traduire dans nos pratiques syndicales. Elles constituent un socle, notre socle commun. Comme syndicalistes, nous avons l’habitude de négocier des compromis pour améliorer les réalités de travail de celles et ceux qui nous font confiance. Mais une chose est non négociable: ce sont nos valeurs. Nous souhaitons, comme CSC, que dès après le congrès, nous nous mettions au travail de manière à voir comment nous pouvons décliner cette charte pour qu’elle soit, au sein de la CES, une boussole, un instrument de renforcement de notre cohésion ».
«UNE CHOSE EST NON NÉGOCIABLE: CE SONT NOS VALEURS.»
Marie-Hélène Ska
Lutte contre l’extrême droite
À l’approche des élections européennes de 2024, l’importance du travail des syndicats dans la lutte contre l’extrême-droite a également été longuement discutée durant ce congrès. Les idées populistes et d’extrême droite sont en effet en contradiction totale avec tout ce que les syndicats entendent défendre. L’arrivée au pouvoir de ce type d’idéologie rendrait tout le travail en faveur d’une société juste et progressiste très compliqué.
«Nous avons une énorme opportunité de mobiliser nos membres, tous les travailleurs, pour qu’ils participent aux élections européennes et supportent des idées progressistes, analyse Tea Jarc, syndicaliste slovène fraîchement élue secrétaire confédérale de la CES. Je pense que lutter contre l’extrême droite est la priorité absolue jusqu’aux élections européennes.»
S’unir pour réussir
Bien sûr, de nombreuses autres thématiques essentielles ont été abordées lors de ce congrès, telles que le bien-être et la protection sociale, l’Europe sociale et inclusive, la lutte contre l’austérité et la précarité…
Les défis sont nombreux pour la CES et, comme nous le confie Tea: «Si nous nous unissons, si nous dépassons nos différences nationales, je crois honnêtement qu’un système différent est possible. Avec cette énergie, je suis sûre que nous pouvons réussir».